lundi 16 décembre 2024

Bordelune. Tome 1: deux gardiennes

BELHACHE, Elisabeth. Bordelune T.1 : Deux gardiennes.  Bayard, 2024 (Bande d'ados). 64 p. ISBN : 979-10-363-6608-6. 13,90€. 

Résumé : 

La rentrée s'annonce mouvementée pour Margot : en plus de son passage en seconde avec deux ans d'avance, la jeune fille doit aussi s'adapter à une nouvelle ville, une nouvelle maison et même à une nouvelle demi-sœur, Abhaya.
Mais ces problématiques seront très vite le cadet de ses soucis : lors d'une balade anodine, elle est intriguée par un vieil ouvrage sur les monstres et légendes bordelaises dans une boîte à livre et se retrouve absorbée dans sa lecture. Quelques jours plus tard, face à une créature très réelle qui apparaît devant son lycée, elle se rend compte qu'elle a, en l'ouvrant, scellé son destin et celui d'Abhaya ...
À présent, et sans en comprendre encore les enjeux et dangers, elles sont les gardiennes du Bordelune, chargées de défendre le vrai monde des monstres imaginaires. 

 

Mon avis : 

Pas facile pour Margot, 13 ans, de se faire accepter par sa demi-sœur Abhaya chez qui elle vient d'emménager. D'autant plus qu'elle a sauté deux classes et rentre dans le même lycée qu'elle. Se rendant au parc, elle découvre dans la boîte à livres un ouvrage qui semble ancien. Abhaya fait des efforts pour montrer à Margot qu'elle souhaite se rapprocher d'elle. Elle l'accompagne à la librairie pour tenter d'obtenir des renseignements sur le livre. En vain.
Soudain, les rues bordelaises semblent désertes et les deux jeunes filles sont attaquées par un monstre tout droit sorti de la mythologie ...
Une étrange jeune femme (la prof-doc de leur lycée !) semble être à l'origine des péripéties que vont vivre nos héroïnes. Leur veut-elle du mal ?

J'ai particulièrement apprécié la manière dont l’autrice exploite la frontière entre légende et réalité. Amenée avec intelligence à travers ses illustrations, elle nous fait déambuler dans les rues et les bâtiments de Bordeaux pour y découvrir ses légendes. Et les monstres sont particulièrement bien croqués, très expressifs. On pressent que le rôle de ces gardiennes peut rapidement faire basculer la réalité de nos personnages dans un monde parallèle.
Le thème de la famille recomposée est certes classique, mais évoqué de manière très attachante.
Je suis curieuse de connaître le rôle de la prof- doc. Déjà qu’elle menace ses élèves de ne pas abîmer leurs manuels … ;-) 

Thèmes : fantastique / famille / mythologie / être imaginaire / légende 

Niveau : collège

 

Maude M. (Froncles)

Le théorème du kiwi

SCHWARTZMANN, Jacky. Le théorème du kiwi. L’École des loisirs, 2024 (Médium). 128 p. ISBN : 978- 2-211-33808-0. 13€. 

Résumé : 

Ernest attendait sagement à l'arrière de la voiture de son père, quand il les a vues débouler. Deux filles échappées du pavillon psy pour ados. L'une s'est installée au volant, l'autre a pris la place du passager. Et voilà comment Ernest, fils de médecin, s'est retrouvé embarqué dans une folle équipée en compagnie de Lili, bipolaire, et d’Élodie, atteinte d'un autisme sévère. Pour être honnête, Ernest n'a rien fait pour les arrêter. Comme si lui aussi avait envie de s'évader, loin, bien loin de son destin tout tracé. Un road-trip de dingue ! 

Mon avis : 

Clairement, l'éditeur ne nous ment pas quand il indique "un road trip déjanté" en 4e de couverture. Embarqué par deux ados échappées d'une unité psy (dans lequel le père d’Ernest avait décrété qu'il ferait son stage), Ernest va traverser la France par tout type de moyen de transport (y compris une péniche !). 

Avec beaucoup d'humour et de dérision, on lit d'une traite les aventures de cet ado allergique au théorème de Thalès, accompagné de ses kidnappeuses : Lili, qui dit être une loutre, et Elo, autiste cherchant désespérément "où est la chaise ?". Pas le temps de s'ennuyer dans ce récit, au point qu'on se demande ce qu'il peut arriver de plus loufoque ou de pire à nos trois protagonistes ... et pourtant l'auteur trouve toujours de quoi nous surprendre ! Parviendront-ils à se sortir de ce bourbier ? Et surtout… Elo retrouvera-t-elle la chaise ??? 

Thèmes : fugue / adolescence/ psychiatrie / famille / humour 

Niveau : collège - lycée 

Maude M. (Froncles)

vendredi 22 novembre 2024

Comme nous brûlons

Lisa Balavoine. Comme nous brûlons /  Rageot. 2023. 239 p. ISBN : 978-2-7002-8035-7 (16€) 

Résumé : 

Blanche vient d’intégrer une section sportive renommée, en danse, dans un lycée à Marseille. Pleine d’enthousiasme mais aussi d’appréhension face à cette nouvelle vie qui s’annonce, elle intègre l’internat de l’établissement, dans lequel elle fait la connaissance de deux jeunes filles qui deviennent ses amies, Juliette et Lucille.

Férue de danse classique depuis l’âge de quatre ans, Blanche se retrouve pourtant dans un atelier de hip-hop, ayant été obligée d’opter pour un atelier optionnel sans vraiment avoir eu le choix de l’atelier. Là elle découvre Malek, qui ne tarde pas à devenir son petit ami. Tout va plutôt bien dans sa vie, d’autant qu’elle apprend aussi peu à peu à relâcher la pression de la compétition et à se détendre. 

Et puis elle fait la connaissance d’Ada. Ada, c’est une danseuse flamboyante. Très talentueuse, elle surpasse tout le monde et possède une sorte de magnétisme qui fait qu’on ne regarde et qu’on ne voit qu’elle. 

Un week-end, comme souvent, les jeunes danseurs partent en balade et vont profiter du littoral méditerranéen. Blanche s’éloigne un peu trop du groupe, et doit son salut à Ada qui l’aide à redescendre d’une corniche vertigineuse. C’est le début d’une amitié qui va prendre de plus en plus de place dans la vie de Blanche, au point qu’elle en oublie de passer du temps avec Lucille et Juliette, et aussi avec Malek. Quand Ada décide de couper les ponts et de prendre brusquement ses distances avec Blanche, cette dernière est désemparée… 

 

Avis : 

Écrit en vers libres, ce court roman se lit d’une traite, et nous entraine dans une histoire d’amitié dévorante à propos de laquelle on ne peut pas dire grand-chose sans divulguer trop d’éléments ! Juste qu’il s’agit d’un récit sur l’apprentissage de la vie d’adulte et la fin de l’adolescence et que le poids de l’histoire familiale d’Ada, dévoilé à la toute fin de l’histoire, est prédominant et explique beaucoup de choses quant à l’attitude de la jeune fille. Adepte ou pas des vers libres (ce n’est pas vraiment mon cas !) on se laisse porter très facilement dans ce ballet poétique et envoûtant. Bref, une lecture qui ne laisse pas indifférent ! 

 

Thèmes : Amitié Danse 

Niveau : 4 ème - 3 ème 

 

Christine Bretton (Nogent)

La bête et Bethany

Jack Meggitt-Phillips & Isabelle Follath. La bête et Bethany (T.1) / Bayard Jeunesse. 2022. 249 p. ISBN : 979-1-0363-2914-2 (15.90€) 

Résumé : 

Ebenezer a 511 ans et se porte comme un charme. On ne lui donne d’ailleurs guère plus de 30 ans. Pourquoi ? Parce que le monstre qu’il héberge dans sa riche demeure est aussi son fournisseur d’élixir de longue vie, qui lui permet une éternelle jeunesse. 

Or ce monstre est de plus en plus exigeant. Car la « bête », puisque c’est ainsi qu’Ebenezer l’appelle, ne fournit l’élixir qu’en échange d’un repas. Elle mange tout, objets, animaux, n’importe quoi, mais elle en vient à demander un enfant. Son dernier repas, un rare perroquet violet qui faisait la fierté du marchand d’oiseaux, a été dévoré beaucoup trop rapidement. Maintenant elle veut un enfant, de la chair fraiche et bien dodue, et Ebenezer est bien obligé d’accéder à sa requête s’il veut continuer à vivre en forme ! 

Très vite il part à la recherche de l’enfant idéal et se tourne vers l’orphelinat. En effet, quoi de mieux qu’un enfant que personne ne réclamera ? La directrice de l’orphelinat, la revêche Mlle Frizelyflop, est ravie de lui confier Bethany, une petite fille au fort caractère qui lui tient tête un peu trop souvent, ne cesse d’importuner ses camarades et surtout se moque des punitions qu’on peut lui donner. 

De retour à la maison, Bethany multiplie les bêtises et Ebenezer a du mal à la faire approcher de la bête. Il finit par convaincre cette dernière que la petite fille doit grossir un peu pour être meilleure à déguster, et fournit toutes les pâtisseries qu’elle veut à Bethany. Mais le stratagème ne fonctionne pas longtemps et la bête commence à s’impatienter... 

 

Avis : 

Un roman aux allures de conte, où le fantastique se mêle à l’aventure. On y découvre la relation entre un adulte assez détestable et une petite fille qui l’est tout autant (du moins dans les premières pages !). Évidemment les liens entre Ebenezer et Bethany vont évoluer, mais le suspense reste entier jusqu’aux dernières pages car on se demande bien jusqu’où l’auteur va nous entraîner. 

C’est le premier tome d’une trilogie, qui se lit très facilement et devrait plaire dès la 6è. C’est drôle, attachant, loufoque et joliment illustré (notamment avec cette mâchoire énorme sur la couverture, miam). Personnellement j’ai vraiment hâte de connaitre la suite des péripéties de ces deux héros. Trois, pardon, n’oublions pas la bête. 


Thèmes : Potion magique  Monstre Enfance / Famille 

Niveau : 6è – 5è 

 

Christine Bretton (Nogent)

vendredi 4 octobre 2024

Le chant des sirènes

Goldsmith Amy, Le chant des sirènes, Robert Laffont, 2024. 448 p. (19,00€)

Résumé:

Liv a remporté une bourse pour participer à une croisière sur le paquebot Eos. Elle est ravie, elle va pouvoir découvrir le monde et rajouter cette expérience sur son CV pour rentrer dans les universités. En plus, son meilleur ami, Will, est de la partie. Ce sera pour eux l’occasion de régler leurs problèmes. 

Toutefois, Liv déchante vite. Elle se rend compte que le groupe qu’elle a intégré est composé de jeunes issues de famille riches. Ils lui font tout de suite sentir qu’ils ne font pas partie du même monde et elle a du mal à créer des liens avec eux. De plus, les seules autres jeunes sur ce paquebot sont un groupe d’influenceuses appelée Sirènes, qui ne sont pas très accueillantes non plus. 

Les choses empirent encore lors de la première soirée : Live se dispute avec Will et le lendemain il est introuvable. Le responsable de leur groupe l’avertie que Will est tombé malade et qu’il est à l’infirmerie. 

A partir de ce moment, les évènements deviennent étranges : Liv n’arrive pas à contacter Will, elle voit des choses cauchemardesques dans sa cabine, d’autres personnes disparaissent et il semblerait qu’elle soit la seule à se rendre compte de tous cela. 

Ces évènements ont-ils vraiment eu lieu ou Liv perd-elle la tête ? Elle va mener l’enquête pour découvrir la vérité et sauver sa vie. 

 

Avis : 

Un peu long au début mais l’histoire s’accélère et les évènements troublants s’accentuent. Ce texte met en lumière certain éléments de la mythologique grecque comme les sirènes. Il permet aussi de se poser une question : est-on prêt à tout pour obtenir ce que l’on désire ? 

Thèmes : fantastique / policer / horreur 

Niveaux : dès la 4 ème 

Estelle L . (Chateauvillain)

Tout le monde déteste Louise

HEURTIER Annelise, #Tout le monde déteste Louise, Casterman, 2023. (12,90€)

Résumé:

Ça y est, Louise a 12 ans et enfin un smartphone ! Elle va pouvoir vivre comme ses copines et ne plus se sentir seule. Ses parents l’obligent à respecter un contrat mais ce n’est pas gave, car enfin elle a son « Désiré ». 

Sa meilleure amie est ravie pour elle et l’incite à s’inscrire sur un réseau social : LikeMe. Louise s’y inscrit même si elle ne respecte pas les termes de son contrat. 

Tout s’accélère alors et tout ne se passe pas comme elle l’avait prévu. A cause d’un malentendu au collège, son Désiré la plonge dans une spirale infernale. C’est un déferlement de haine qu’elle reçoit. Seule face à la meute, comment va-t- elle faire pour s’en sortir ? 

 

 Avis : 

Un livre qui permet d’aborder le harcèlement et notamment le cyber-harcèlement, en présentant les rouages qui peuvent y amener. Ce texte présente deux fins possibles : une dramatique et une autre (qui clôture le texte) où Louise trouve de l’aide grâce à la parole. De plus, il est appréciable que le texte ne se termine pas en happy end entre les harceleurs et la harcelée. Certes les tensions se sont apaisées mais l’autrice nous fait comprendre que rien ne sera plus comme avant pour chacune des parties. 

Thèmes : amitié / harcèlement 

Niveaux : dès la fin 6ème 

Estelle L . (Chateauvillain)

jeudi 20 juin 2024

L'épée, la famine et la peste

WELLENSTEIN, Aurélie. L’épée, la famine et la peste (T.1). 2022. 393 p. ISBN : 978-2-38167-132-1 (21€) 

Résumé : 

Trois personnages dans un monde sombre et oppressant. : Cillian, orphelin et bègue, subit les moqueries perpétuelles des jeunes de son village. Alors qu’il découvre une carcasse de loup, l’esprit de l’animal commence à le posséder. Erin, une jeune fille soupçonnée d’être une sorcière araignée (dénommée « Tarenta »), comme sa mère avant elle, est désormais en fuite après avoir repoussé les avances d’un homme. Sulyvahn, un soldat déserteur, est persuadé de voir dans l’œil d’un cerf l’esprit de son fils décédé.
Tous trois sont pourchassés par le chef de l’Inquisition. Dans leur monde en effet, les monstres sont omniprésents et le culte de l’Araignée prend de plus en plus d’ampleur. Malheur à celles et ceux qui subissent la piqûre des Tarentas : les femmes sont destinées à devenir elles- mêmes des sorcières, et les hommes sont submergés par de gigantesques toiles et perdent la raison. L’Inquisition est donc toute puissante et vise à rétablir l’ordre et les cultes traditionnels.
Les chemins de Cillian, d’Erin et de Sulyvahn vont rapidement se croiser. Dans leur fuite, ils ont un objectif commun : trouver la Tisseuse, la reine des araignées, qui pourrait les libérer de leur malédiction. En dépit de la méfiance qu’ils éprouvent tout d’abord les uns pour les autres, ils vont devoir se lier et traverser un grand nombre d’épreuves pour atteindre leur objectif. 

Avis : 

Gros coup de cœur pour ce diptyque de fantasy qui m’a passionnée. On se laisse emmener facilement sur la route de ces trois êtres malmenés, qui, de fil en aiguille passent de parias à une véritable menace pour la population. Héros ? Anti-héros ? On ne le saura vraiment qu’au cours de la lecture du 2 nd tome 

C’est un monde violent qui est dépeint ici, sanglant même, et le parcours des héros devient l’occasion de réfléchir sur leur part d’ombre, l’importance de la vengeance, ainsi que la culpabilité et la trahison. 

J’ai aimé aussi l’idée que l’association de Cillian, Erin et Sulyvahn permette à chacun d’entre eux de trouver ce qui lui manquait pour avancer dans la vie : Erin trouve en Cillian un frère et un ami, celui-ci éprouve également une affection toute fraternelle pour la jeune fille. Les deux ados voient en Sulyvahn un père et un protecteur. Ce dernier les considère comme ses enfants, et s’est mis en tête de les protéger à tout prix. La force qui émane de ce trio improbable est intéressante à découvrir au fil du récit. 

Le second tome de cette histoire réserve une étonnante surprise aux lecteurs et m’a passionnée tout autant ! 

Thèmes : vengeance / trahison malédiction / créatures fantastiques / religion amitié 

Niveau : 4è/3è / Lycée

Christine Bretton (Nogent)

Je ne meurs pas avec toi ce soir

Kimberly JONES & Gilly SEGAL. Je ne meurs pas avec toi ce soir. Milan. 2020. 231 p. ISBN : 978-2-4080-0927-4 (14.90€) 

 Résumé : 

Campbell Carlson, nouvellement arrivée au lycée, est une jeune fille qui ne pense qu’à rester invisible et à surtout ne pas se faire remarquer. Lena James, elle, est la star du lycée : populaire, grande gueule, avec en prime, un petit copain connu pour être « le » beau mec du lycée. 

Campbell, la blanche, et Lena, la noire, ne sont pas amies. Mais elles vont devoir apprendre à se faire confiance mutuellement pour se sortir d’une bien mauvaise passe.
Alors que Campbell s’est vu confier la tenue de la buvette pour un match, la jeune fille est très vite débordée et Lena prend sa défense alors que d’autres ados se moquent d’elle. Le match a tout juste débuté qu’une bagarre éclate. Lena et Campbell se réfugient derrière le comptoir, mais la bagarre devient émeute et ne tarde pas à gagner toute la ville.
Lena ne pense qu’à retrouver son copain, injoignable. Campbell souhaite rentrer chez elle mais très vite il faut se faire une raison : pas de bus, pas de copain à proximité, il faut partir à pieds…
La traversée de chaque quartier devient une épreuve et l’occasion pour les deux filles d’apprendre à se connaitre, par la force des choses. 

 Avis : 

C’est une histoire de sororité sur fond d’émeutes raciales et de violence globale, avec la peur qui est omniprésente tout au long du récit. J’ai aimé comment les deux personnalités opposées de Lena et Campbell réussissent à s’apprivoiser et à se faire confiance, alors qu’elles passent par des phases de colère, de découragement, de tristesse et de soulagement, aussi. 

L’alternance de la narration à chaque chapitre permet de comprendre le point de vue de chacune des filles. On les découvre finalement en même temps qu’elles se découvrent elles- mêmes : elles se disputent, se protègent, se défendent… l’exubérante Léna cache une personnalité finalement assez peu sûre d’elle et la discrète Campbell se révèle plus forte qu’elle ne le pense elle-même. 

C’est un ouvrage que je conseillerai aux 3è dans le cadre de leur séquence de français sur les discriminations, puisqu’il aborde la thématique du racisme sous un angle plutôt original. 

Thèmes : racisme / violence / émeutes Etats-Unis 

Niveau : 3è 

Christine B. (Nogent)

vendredi 15 mars 2024

Au nom de Chris

DESMARTEAU, Claudine. Au nom de Chris. Gallimard jeunesse, 2023 (Scripto). 336 p.  ISBN: 9782075175654. 13,50€

Résumé:

Élevé par une mère surprotectrice, dans la détestation d'un père dont il n'a aucun souvenir, Adrien est un ado angoissé, fragile. Tout bascule lorsque sa meilleure amie, la seule en fait, déménage. Le harcèlement dont il est victime au collège s'intensifie, ses insomnies le reprennent. Il ne trouve la paix que dans la forêt. Une nuit, il y rencontre Chris, un homme énigmatique, solitaire, qui lui apprend la nature, les étoiles, les arbres mais aussi à se faire confiance, à se battre s'il le faut, à ne plus être une victime.

Peu à peu, Chris devient le centre de l'univers d'Adrien. Une manipulation insidieuse, lente se met en place. Les discours de Chris deviennent plus radicaux. Adrien s'endurcit. Adrien change mentalement et physiquement. Il devient violent. Sa mère ne le reconnaît plus. Les séances chez la psychologue ne changent rien. L’adolescent sent la haîne, la rage, la colère grandir en lui, l'envahir et il aime cela. ADrien se sent vivant. Il est prêt à tout, encouragé par Chris.

Mais qui est cet homme? Jusqu'à où Adrien se laissera-t-il entrainer?


Avis:

On suit la transformation d'Adrien sur une année scolaire. L'évolution est progressive. Cette progression est très bien retranscrite par le texte, les propos tenus, dans la structure des phrases.

On est aussi un peu perdu au début: ce Chris existe-t-il réellement ou n'est-il que dans la tête d'Adrien, un peu comme le personnage de Tyler Durden dans le film Fight Club de Fincher (1999, oui je sais, les plus jeunes n'ont pas forcément la référence)? 

La lecture de ce thriller psychologique est prenante. Les passages en vers libres sont incroyables. Les tourments de l'adolescence, période où tous les sentiments, toutes les émotions, positifs ou négatifs sont vécus de manière extrême, consécutive voire même simultanément, sont parfaitement traduits.

Le rythme est soutenu tout de long. Seule la fin est ouverte, plus lente, comme si on ralentissait après une course longue jusqu'à l'arrêt. Adrien sort profondément changé de sa rencontre avec Chris. Il a grandit. Mais il a du aller loin pour trouver sa place et qui il est.

Un livre à réserver aux plus grands, je pense.

Claudine DESMARTEAU a reçu le prix Vendredi 2023 pour cet ouvrage.

Thèmes: solitude, harcèlement, adolescence, manipulation

Niveau: 3e et plus

Pauline G. (Chaumont)

mardi 12 mars 2024

Pallas T2: Sur les flancs de l'Ida

CARTERON, Marine. Pallas. 2 / : Sur les flancs de l'Ida. ROUERGUE, 2023. Epik. 416 p. ISBN: 978-2-8126-2517-6. 17,50€ 

Résumé de l'éditeur:

Athéna a échoué. Sa tentative pour récupérer le Palladion et retrouver enfin Pallas s’est terminée dans un bain de sang. Troie, quant à elle, a été saccagée par Héraclès et son armée. Mais la déesse, loin d’être découragée, a tiré de précieuses leçons de cet échec. Aidé par le Titan Prométhée, elle conçoit un nouveau plan. Un plan d’une envergure glaçante qui entrera à jamais dans l’histoire des hommes et des Dieux. Machinations, manipulations, traîtrises et meurtres, ce second tome de Pallas pourrait totalement être qualifié de Game of Thrones mythologique et donner des leçons aux plus grands romans d’espionnage. Athéna n’est pas la déesse de la stratégie pour rien !  


Avis:

Après avoir dévoré et adoré le tome 1 Dans le Ventre de Troie, j'ai enchaîné avec ce deuxième tome. Le plaisir est le même. 

Nos personnages, masculins comme féminins, sont malmenés, menés par le bout du nez par les dieux et déesses, aveugles aux manipulations, incapables de résister aux enchantements, ... Les divinités se mettent des bâtons dans les roues, sont capricieuses, susceptibles, orgueilleuses. Même Athéna, que j'appréciais pourtant dans le tome 1, n'échappe pas à ce constat. Sauf que...sauf qu'en plus, elle est effectivement maline. (Je me suis même dit que c'était quand même une belle c***asse.) Les dieux m'ont agacés par leur attitude puérile, les humains aussi parce que ce sont de simples pions. 
Seul Prométhée reste spectateur. Pour l'instant. 
Pallas, quant à elle, est toujours enfermée dans le Palladion et observe, impuissante, ce qu'il se passe.

Le parallèle avec Game of Thrones est tout à fait approprié. Les intrigues, la violence, les machinations et autres conspirations, le sang, ...on retrouve les mêmes ingrédients.  

Une lecture à réserver aux plus grands: la trame se complexifie, est plus sombre et plus violente.

Thèmes: mythologie, guerre de Troie

Niveau: 3e, lycée

Pauline G. (Chaumont)


lundi 11 mars 2024

Nous traverserons des orages

BONDOUX, Anne-Laure. Nous traverserons des orages. - Gallimard jeunesse - 2023 - 496 p. -ISBN : 978-2-07-512962-6 (19,50€) 

Résumé : 

Voici l'histoire que je dois te raconter, Saule. C'est l'histoire d'une famille, d'une maison et d'un pays. Elle commence à la veille d'une guerre planétaire, dans une ferme de hameau qu'on appelle Les Chaumes. Elle s'achèvera un siècle plus tard, au même endroit. Entre ces deux époques, tu verras vivre ici quatre générations hantées par des secrets et des fantômes. Tu verras changer les saisons, les habitudes, les lois et les gouvernements. Tu verras des hommes tomber amoureux, rêver de grandes choses, partir à la guerre et en revenir sans mot et sans gloire. Jusqu'à moi. Jusqu'à toi. 

Mon avis : 

"Est-ce que le monde serait moins violent si les hommes pleuraient plus souvent ? Est-ce qu'Hitler savait pleurer ? Est-ce que Vladimir Poutine sait pleurer ? Nous avons traversé tant d'orages. Saurons-nous encore traverser ceux qui s'annoncent ? J'espère que oui." 

J'ai dévoré cette histoire dans l'Histoire, celle des hommes Balaguère. Des personnages attachants, dérangeants, aux prénoms attachés à la terre comme pour sceller leurs destins. Des hommes qui ne parviennent pas à échapper au schéma de violence, fardeau inéluctable sur leur lignée. Les mots d'Anne-Laure Bondoux nous accrochent, nous font traverser et réfléchir aux événements de l'ensemble d'un siècle. A travers les évolutions sociétales, on s'interroge aussi sur la place des femmes, des femmes qui subissent ou qui s'affirment au sein de cette famille maudite. Un livre poignant qu'on relirait à peine achevé. 

Thèmes : famille / identité / histoire / violence / secret 

Niveau : lycée 

Maude M. (Froncles)

Magic Charly. T 3: Justice soit faite!

ALWETT, Audrey. Magic Charly, tome 3 : justice soit faite !  - Gallimard jeunesse - 2022 - 544 p. - ISBN : 978-2-07-513838-3 (17,50€) 

Résumé : 

Thadam est en danger : les pannes de magie se multiplient, les gens disparaissent mystérieusement et perdent la mémoire. Sapotille, June et Césaria tentent de déjouer les plans machiavéliques du juge Dendelion qui cherche à accaparer tous les pouvoirs. Seul Charly peut agir, mais il s'est perdu dans un autre monde. Sapotille et ses amis réussiront-ils à le retrouver pour contrer l'Académie et qu'enfin justice soit faite? 

 

Mon avis : 

Ce dernier volet de la trilogie s'ouvre sur la disparition mystérieuse de Charly dans son chapeau-sapeur. Bonne nouvelle : il a retrouvé sa grand-mère, mais le voilà bloqué chez une magicienne pas vraiment fan de magie intuitive ... De leur côté, Sapotille et ses amis font tout pour retarder l'inévitable ascension du juge, qui semble diriger le terrible Cavalier. Il ne fait pas bon vivre à Thadam ... 

De nombreux rebondissements et révélations dans ce dernier tome qui met en valeur la famille et l'amitié. Mais derrière ces péripéties, l'auteur soulève les thèmes de l'inégalité sociale, du jugement et de l'acceptation, de la tyrannie et de la manipulation psychologique. C'est tout en délicatesse qu'elle évoque l'importance du consentement : les interrogations et les non-dits, le courage de dire "non !", la non-prise de conscience d'outrepasser les limites, ... Audrey Alwett a tout à fait réussi à retranscrire cette tension et ce mal-être chez l'héroïne. Un beau final pour cette aventure, même si je n'aurai pas été contre un petit volume de plus! 

 

Thèmes : magie / famille / fantastique/ justice / pouvoir 

Niveau : à partir de la 5e 

Maude M. (Froncles)


lundi 12 février 2024

Guerrière

ALIX, Cécile. Guerrière. – Slalom. – 2023. - 246 p. – ISBN : 978-2-37554-359-7 (16.95€) 
 
Résumé : 

Nekeli vit dans son village au cœur de l’Afrique, avec son frère jumeau Soulaï, ses parents et sa petite sœur Lulu, âgée de quelques mois. Son quotidien est bouleversé le jour où des soldats font irruption et tuent toute la population adulte (ainsi que les enfants les plus jeunes, dont Lulu). Ils la kidnappent, ainsi que son frère et d’autres enfants après l’avoir obligée à assassiner leurs parents. Soulaï a pris soin d’endosser la responsabilité de leur mort, en disant à sa sœur de viser ailleurs, afin qu’elle n’ait pas cette mort sur la conscience. 
 
Les jumeaux sont ensuite emmenés dans un camp d’entrainement dans lequel ils apprennent violemment à devenir de parfaits soldats dans l’armée de Grand Cobra. Brimades, humiliations, mauvais traitements, c’est un véritable enfer qu’ils vont vivre pendant des mois. Soutenue par Soulaï, Nekeli ne tue personne car son frère s’emploie à tuer à sa place. 
 
Un jour, un cobra est appliqué au fer sur les épaules de chaque enfant soldat. C’est le signe de leur intégration effective dans l’armée. Chacun reçoit une kalachnikov peu de temps après. 
 
Les combats se multiplient, et Nekeli tente de continuer à survivre sans faire de victimes. Elle se fait aussi remarquer par ses talents de guérisseuse, ayant appris à soigner des blessures légères sur les conseils de son amie Temona. Elle devient la soigneuse du commandant Soussa, et ainsi jouit d’une position plutôt privilégiée (elle échappe au mariage forcé, notamment). Elle « gagne » à ce contact le surnom de Tigresse. Pour participer aux combats, elle va prendre elle aussi de la « poudre de combat », pour se motiver et n’avoir peur de rien... 
 
A la faveur d’une explosion dans un convoi, Nekeli parvient à quitter le camp du commandant Soussa. Séparée de son frère, elle va tenter de poursuivre son chemin tout en gardant en tête l’objectif que Soulaï lui a donné : retourner dans leur village et rendre hommage à son clan à l’aide des emblèmes que leur père a mis en sécurité avant de mourir. 
 
 
Avis : 
 
Un livre coup-de-poing, qui ne laisse pas indifférent, et qui nous entraine dans une spirale de violence et de souffrance dont on sait la réalité... ce qui en rend la lecture d’autant plus difficile. 
Cécile Alix a situé son récit dans un village fictif, inspiré de la situation en RDC et en République Centrafricaine. Elle indique précise qu’au moment de la sortie de son roman (2023), l’Unicef a comptabilisé près de 300000 enfants soldats, aux mains des armées gouvernementales ou de groupes rebelles (et pas seulement en Afrique). 
 
J’ai particulièrement apprécié les choix de l’autrice quant au langage de Nekeli : elle perd peu à peu la fluidité de son langage, ce qu’elle appelle « les mots fleuves », lors de son intégration dans ce groupe rebelle, et à la suite des violences qu’elle subit. Puis les mots fleuves reviennent peu à peu dans la fin du récit, tout un symbole. 
 
Une lecture essentielle, à réserver à nos collégiens les plus matures, et avec une médiation nécessaire de notre part. 
 
Thèmes : Enfants soldats / Violence Afrique 
 
Niveau : 3è et +
 
Christine B. (Nogent)