lundi 16 décembre 2024

Bordelune. Tome 1: deux gardiennes

BELHACHE, Elisabeth. Bordelune T.1 : Deux gardiennes.  Bayard, 2024 (Bande d'ados). 64 p. ISBN : 979-10-363-6608-6. 13,90€. 

Résumé : 

La rentrée s'annonce mouvementée pour Margot : en plus de son passage en seconde avec deux ans d'avance, la jeune fille doit aussi s'adapter à une nouvelle ville, une nouvelle maison et même à une nouvelle demi-sœur, Abhaya.
Mais ces problématiques seront très vite le cadet de ses soucis : lors d'une balade anodine, elle est intriguée par un vieil ouvrage sur les monstres et légendes bordelaises dans une boîte à livre et se retrouve absorbée dans sa lecture. Quelques jours plus tard, face à une créature très réelle qui apparaît devant son lycée, elle se rend compte qu'elle a, en l'ouvrant, scellé son destin et celui d'Abhaya ...
À présent, et sans en comprendre encore les enjeux et dangers, elles sont les gardiennes du Bordelune, chargées de défendre le vrai monde des monstres imaginaires. 

 

Mon avis : 

Pas facile pour Margot, 13 ans, de se faire accepter par sa demi-sœur Abhaya chez qui elle vient d'emménager. D'autant plus qu'elle a sauté deux classes et rentre dans le même lycée qu'elle. Se rendant au parc, elle découvre dans la boîte à livres un ouvrage qui semble ancien. Abhaya fait des efforts pour montrer à Margot qu'elle souhaite se rapprocher d'elle. Elle l'accompagne à la librairie pour tenter d'obtenir des renseignements sur le livre. En vain.
Soudain, les rues bordelaises semblent désertes et les deux jeunes filles sont attaquées par un monstre tout droit sorti de la mythologie ...
Une étrange jeune femme (la prof-doc de leur lycée !) semble être à l'origine des péripéties que vont vivre nos héroïnes. Leur veut-elle du mal ?

J'ai particulièrement apprécié la manière dont l’autrice exploite la frontière entre légende et réalité. Amenée avec intelligence à travers ses illustrations, elle nous fait déambuler dans les rues et les bâtiments de Bordeaux pour y découvrir ses légendes. Et les monstres sont particulièrement bien croqués, très expressifs. On pressent que le rôle de ces gardiennes peut rapidement faire basculer la réalité de nos personnages dans un monde parallèle.
Le thème de la famille recomposée est certes classique, mais évoqué de manière très attachante.
Je suis curieuse de connaître le rôle de la prof- doc. Déjà qu’elle menace ses élèves de ne pas abîmer leurs manuels … ;-) 

Thèmes : fantastique / famille / mythologie / être imaginaire / légende 

Niveau : collège

 

Maude M. (Froncles)

Le théorème du kiwi

SCHWARTZMANN, Jacky. Le théorème du kiwi. L’École des loisirs, 2024 (Médium). 128 p. ISBN : 978- 2-211-33808-0. 13€. 

Résumé : 

Ernest attendait sagement à l'arrière de la voiture de son père, quand il les a vues débouler. Deux filles échappées du pavillon psy pour ados. L'une s'est installée au volant, l'autre a pris la place du passager. Et voilà comment Ernest, fils de médecin, s'est retrouvé embarqué dans une folle équipée en compagnie de Lili, bipolaire, et d’Élodie, atteinte d'un autisme sévère. Pour être honnête, Ernest n'a rien fait pour les arrêter. Comme si lui aussi avait envie de s'évader, loin, bien loin de son destin tout tracé. Un road-trip de dingue ! 

Mon avis : 

Clairement, l'éditeur ne nous ment pas quand il indique "un road trip déjanté" en 4e de couverture. Embarqué par deux ados échappées d'une unité psy (dans lequel le père d’Ernest avait décrété qu'il ferait son stage), Ernest va traverser la France par tout type de moyen de transport (y compris une péniche !). 

Avec beaucoup d'humour et de dérision, on lit d'une traite les aventures de cet ado allergique au théorème de Thalès, accompagné de ses kidnappeuses : Lili, qui dit être une loutre, et Elo, autiste cherchant désespérément "où est la chaise ?". Pas le temps de s'ennuyer dans ce récit, au point qu'on se demande ce qu'il peut arriver de plus loufoque ou de pire à nos trois protagonistes ... et pourtant l'auteur trouve toujours de quoi nous surprendre ! Parviendront-ils à se sortir de ce bourbier ? Et surtout… Elo retrouvera-t-elle la chaise ??? 

Thèmes : fugue / adolescence/ psychiatrie / famille / humour 

Niveau : collège - lycée 

Maude M. (Froncles)

vendredi 22 novembre 2024

Comme nous brûlons

Lisa Balavoine. Comme nous brûlons /  Rageot. 2023. 239 p. ISBN : 978-2-7002-8035-7 (16€) 

Résumé : 

Blanche vient d’intégrer une section sportive renommée, en danse, dans un lycée à Marseille. Pleine d’enthousiasme mais aussi d’appréhension face à cette nouvelle vie qui s’annonce, elle intègre l’internat de l’établissement, dans lequel elle fait la connaissance de deux jeunes filles qui deviennent ses amies, Juliette et Lucille.

Férue de danse classique depuis l’âge de quatre ans, Blanche se retrouve pourtant dans un atelier de hip-hop, ayant été obligée d’opter pour un atelier optionnel sans vraiment avoir eu le choix de l’atelier. Là elle découvre Malek, qui ne tarde pas à devenir son petit ami. Tout va plutôt bien dans sa vie, d’autant qu’elle apprend aussi peu à peu à relâcher la pression de la compétition et à se détendre. 

Et puis elle fait la connaissance d’Ada. Ada, c’est une danseuse flamboyante. Très talentueuse, elle surpasse tout le monde et possède une sorte de magnétisme qui fait qu’on ne regarde et qu’on ne voit qu’elle. 

Un week-end, comme souvent, les jeunes danseurs partent en balade et vont profiter du littoral méditerranéen. Blanche s’éloigne un peu trop du groupe, et doit son salut à Ada qui l’aide à redescendre d’une corniche vertigineuse. C’est le début d’une amitié qui va prendre de plus en plus de place dans la vie de Blanche, au point qu’elle en oublie de passer du temps avec Lucille et Juliette, et aussi avec Malek. Quand Ada décide de couper les ponts et de prendre brusquement ses distances avec Blanche, cette dernière est désemparée… 

 

Avis : 

Écrit en vers libres, ce court roman se lit d’une traite, et nous entraine dans une histoire d’amitié dévorante à propos de laquelle on ne peut pas dire grand-chose sans divulguer trop d’éléments ! Juste qu’il s’agit d’un récit sur l’apprentissage de la vie d’adulte et la fin de l’adolescence et que le poids de l’histoire familiale d’Ada, dévoilé à la toute fin de l’histoire, est prédominant et explique beaucoup de choses quant à l’attitude de la jeune fille. Adepte ou pas des vers libres (ce n’est pas vraiment mon cas !) on se laisse porter très facilement dans ce ballet poétique et envoûtant. Bref, une lecture qui ne laisse pas indifférent ! 

 

Thèmes : Amitié Danse 

Niveau : 4 ème - 3 ème 

 

Christine Bretton (Nogent)

La bête et Bethany

Jack Meggitt-Phillips & Isabelle Follath. La bête et Bethany (T.1) / Bayard Jeunesse. 2022. 249 p. ISBN : 979-1-0363-2914-2 (15.90€) 

Résumé : 

Ebenezer a 511 ans et se porte comme un charme. On ne lui donne d’ailleurs guère plus de 30 ans. Pourquoi ? Parce que le monstre qu’il héberge dans sa riche demeure est aussi son fournisseur d’élixir de longue vie, qui lui permet une éternelle jeunesse. 

Or ce monstre est de plus en plus exigeant. Car la « bête », puisque c’est ainsi qu’Ebenezer l’appelle, ne fournit l’élixir qu’en échange d’un repas. Elle mange tout, objets, animaux, n’importe quoi, mais elle en vient à demander un enfant. Son dernier repas, un rare perroquet violet qui faisait la fierté du marchand d’oiseaux, a été dévoré beaucoup trop rapidement. Maintenant elle veut un enfant, de la chair fraiche et bien dodue, et Ebenezer est bien obligé d’accéder à sa requête s’il veut continuer à vivre en forme ! 

Très vite il part à la recherche de l’enfant idéal et se tourne vers l’orphelinat. En effet, quoi de mieux qu’un enfant que personne ne réclamera ? La directrice de l’orphelinat, la revêche Mlle Frizelyflop, est ravie de lui confier Bethany, une petite fille au fort caractère qui lui tient tête un peu trop souvent, ne cesse d’importuner ses camarades et surtout se moque des punitions qu’on peut lui donner. 

De retour à la maison, Bethany multiplie les bêtises et Ebenezer a du mal à la faire approcher de la bête. Il finit par convaincre cette dernière que la petite fille doit grossir un peu pour être meilleure à déguster, et fournit toutes les pâtisseries qu’elle veut à Bethany. Mais le stratagème ne fonctionne pas longtemps et la bête commence à s’impatienter... 

 

Avis : 

Un roman aux allures de conte, où le fantastique se mêle à l’aventure. On y découvre la relation entre un adulte assez détestable et une petite fille qui l’est tout autant (du moins dans les premières pages !). Évidemment les liens entre Ebenezer et Bethany vont évoluer, mais le suspense reste entier jusqu’aux dernières pages car on se demande bien jusqu’où l’auteur va nous entraîner. 

C’est le premier tome d’une trilogie, qui se lit très facilement et devrait plaire dès la 6è. C’est drôle, attachant, loufoque et joliment illustré (notamment avec cette mâchoire énorme sur la couverture, miam). Personnellement j’ai vraiment hâte de connaitre la suite des péripéties de ces deux héros. Trois, pardon, n’oublions pas la bête. 


Thèmes : Potion magique  Monstre Enfance / Famille 

Niveau : 6è – 5è 

 

Christine Bretton (Nogent)

vendredi 4 octobre 2024

Le chant des sirènes

Goldsmith Amy, Le chant des sirènes, Robert Laffont, 2024. 448 p. (19,00€)

Résumé:

Liv a remporté une bourse pour participer à une croisière sur le paquebot Eos. Elle est ravie, elle va pouvoir découvrir le monde et rajouter cette expérience sur son CV pour rentrer dans les universités. En plus, son meilleur ami, Will, est de la partie. Ce sera pour eux l’occasion de régler leurs problèmes. 

Toutefois, Liv déchante vite. Elle se rend compte que le groupe qu’elle a intégré est composé de jeunes issues de famille riches. Ils lui font tout de suite sentir qu’ils ne font pas partie du même monde et elle a du mal à créer des liens avec eux. De plus, les seules autres jeunes sur ce paquebot sont un groupe d’influenceuses appelée Sirènes, qui ne sont pas très accueillantes non plus. 

Les choses empirent encore lors de la première soirée : Live se dispute avec Will et le lendemain il est introuvable. Le responsable de leur groupe l’avertie que Will est tombé malade et qu’il est à l’infirmerie. 

A partir de ce moment, les évènements deviennent étranges : Liv n’arrive pas à contacter Will, elle voit des choses cauchemardesques dans sa cabine, d’autres personnes disparaissent et il semblerait qu’elle soit la seule à se rendre compte de tous cela. 

Ces évènements ont-ils vraiment eu lieu ou Liv perd-elle la tête ? Elle va mener l’enquête pour découvrir la vérité et sauver sa vie. 

 

Avis : 

Un peu long au début mais l’histoire s’accélère et les évènements troublants s’accentuent. Ce texte met en lumière certain éléments de la mythologique grecque comme les sirènes. Il permet aussi de se poser une question : est-on prêt à tout pour obtenir ce que l’on désire ? 

Thèmes : fantastique / policer / horreur 

Niveaux : dès la 4 ème 

Estelle L . (Chateauvillain)

Tout le monde déteste Louise

HEURTIER Annelise, #Tout le monde déteste Louise, Casterman, 2023. (12,90€)

Résumé:

Ça y est, Louise a 12 ans et enfin un smartphone ! Elle va pouvoir vivre comme ses copines et ne plus se sentir seule. Ses parents l’obligent à respecter un contrat mais ce n’est pas gave, car enfin elle a son « Désiré ». 

Sa meilleure amie est ravie pour elle et l’incite à s’inscrire sur un réseau social : LikeMe. Louise s’y inscrit même si elle ne respecte pas les termes de son contrat. 

Tout s’accélère alors et tout ne se passe pas comme elle l’avait prévu. A cause d’un malentendu au collège, son Désiré la plonge dans une spirale infernale. C’est un déferlement de haine qu’elle reçoit. Seule face à la meute, comment va-t- elle faire pour s’en sortir ? 

 

 Avis : 

Un livre qui permet d’aborder le harcèlement et notamment le cyber-harcèlement, en présentant les rouages qui peuvent y amener. Ce texte présente deux fins possibles : une dramatique et une autre (qui clôture le texte) où Louise trouve de l’aide grâce à la parole. De plus, il est appréciable que le texte ne se termine pas en happy end entre les harceleurs et la harcelée. Certes les tensions se sont apaisées mais l’autrice nous fait comprendre que rien ne sera plus comme avant pour chacune des parties. 

Thèmes : amitié / harcèlement 

Niveaux : dès la fin 6ème 

Estelle L . (Chateauvillain)

jeudi 20 juin 2024

L'épée, la famine et la peste

WELLENSTEIN, Aurélie. L’épée, la famine et la peste (T.1). 2022. 393 p. ISBN : 978-2-38167-132-1 (21€) 

Résumé : 

Trois personnages dans un monde sombre et oppressant. : Cillian, orphelin et bègue, subit les moqueries perpétuelles des jeunes de son village. Alors qu’il découvre une carcasse de loup, l’esprit de l’animal commence à le posséder. Erin, une jeune fille soupçonnée d’être une sorcière araignée (dénommée « Tarenta »), comme sa mère avant elle, est désormais en fuite après avoir repoussé les avances d’un homme. Sulyvahn, un soldat déserteur, est persuadé de voir dans l’œil d’un cerf l’esprit de son fils décédé.
Tous trois sont pourchassés par le chef de l’Inquisition. Dans leur monde en effet, les monstres sont omniprésents et le culte de l’Araignée prend de plus en plus d’ampleur. Malheur à celles et ceux qui subissent la piqûre des Tarentas : les femmes sont destinées à devenir elles- mêmes des sorcières, et les hommes sont submergés par de gigantesques toiles et perdent la raison. L’Inquisition est donc toute puissante et vise à rétablir l’ordre et les cultes traditionnels.
Les chemins de Cillian, d’Erin et de Sulyvahn vont rapidement se croiser. Dans leur fuite, ils ont un objectif commun : trouver la Tisseuse, la reine des araignées, qui pourrait les libérer de leur malédiction. En dépit de la méfiance qu’ils éprouvent tout d’abord les uns pour les autres, ils vont devoir se lier et traverser un grand nombre d’épreuves pour atteindre leur objectif. 

Avis : 

Gros coup de cœur pour ce diptyque de fantasy qui m’a passionnée. On se laisse emmener facilement sur la route de ces trois êtres malmenés, qui, de fil en aiguille passent de parias à une véritable menace pour la population. Héros ? Anti-héros ? On ne le saura vraiment qu’au cours de la lecture du 2 nd tome 

C’est un monde violent qui est dépeint ici, sanglant même, et le parcours des héros devient l’occasion de réfléchir sur leur part d’ombre, l’importance de la vengeance, ainsi que la culpabilité et la trahison. 

J’ai aimé aussi l’idée que l’association de Cillian, Erin et Sulyvahn permette à chacun d’entre eux de trouver ce qui lui manquait pour avancer dans la vie : Erin trouve en Cillian un frère et un ami, celui-ci éprouve également une affection toute fraternelle pour la jeune fille. Les deux ados voient en Sulyvahn un père et un protecteur. Ce dernier les considère comme ses enfants, et s’est mis en tête de les protéger à tout prix. La force qui émane de ce trio improbable est intéressante à découvrir au fil du récit. 

Le second tome de cette histoire réserve une étonnante surprise aux lecteurs et m’a passionnée tout autant ! 

Thèmes : vengeance / trahison malédiction / créatures fantastiques / religion amitié 

Niveau : 4è/3è / Lycée

Christine Bretton (Nogent)