Les Errantes

WITEK, Jo. Les Errantes. Actes Sud Junior. 2022. 309 p. ISBN : 978-2-330-16786-8 (16.50€) 

 

Résumé : 

Elles sont trois, à occuper les chambres mansardées d’un immeuble parisien plutôt chic. Il y a Anne-Lise, la fille des propriétaires, qui a décidé de se mettre en retrait de la vie familiale pour se consacrer à sa vie spirituelle. Il y a Saskia, une artiste estonienne en plein questionnement sur la suite de ses projets artistiques. Et il y a Suzanne, une gameuse connue en ligne sous le pseudo « Argie », bien décidée à vivre pleinement sa vie de streameuse au grand désarroi de son père qu’elle vient de quitter. 

Les trois jeunes filles connaissent simultanément des expériences étonnantes, voire effrayantes : Anne-Lise se retrouve plongée dans un monde où elle assiste à la mort violente d’une jeune femme, Saskia est suivie jour et nuit par le fantôme d’une femme, et Suzanne rencontre lors d’un live un personnage qui ne fait pas vraiment partie du jeu. 

Quand cette dernière perd conscience lors d’un live devant des centaines d’internautes connectés, c’est le début des ennuis aussi bien au niveau virtuel que dans la réalité. Heureusement la solidarité féminine est en marche : toutes les trois, bien qu’elles n’aient pas particulièrement tissé des liens d’amitié, vont s’allier pour comprendre ce qui leur arrive et tenter de se délivrer de ces fantômes... 

 

Avis : 

C’est un roman à plusieurs voix que nous offre ici Jo Witek, et j’ai apprécié l’organisation du récit qui permet au lecteur de prendre peu à peu conscience de l’histoire de ces « errantes ». Les fantômes vont prendre finalement beaucoup de place dans le quotidien des trois adolescentes, et celles-ci n’ont pas d’autre choix que de faire la lumière sur leur vie et ainsi de réhabiliter leur mémoire. 

J’ai aimé la façon dont le surnaturel prend peu à peu une place énorme dans le quotidien des filles, et l’histoire d’amitié qui se développe entre trois personnes qui n’ont a priori rien en commun. 

Cerise sur le gâteau, les errantes du roman ont été inspirées de situations réelles : on rencontre ainsi tour à tour une femme accusée de sorcellerie et une autre enfermée avec d’autres « filles de mauvaises vies » dans les années 1950. L’artiste qui hante Saskia, elle, a vraiment existé et son projet de « rendre visible l’invisible » prend ici tout son sens ! 

En résumé, une lecture instructive, qui tient en haleine, qui fait réfléchir, qui fait un peu trembler... tous les ingrédients sont là pour passer un excellent moment ! 

 

Thèmes : Femmes / Art / Mysticisme / Jeux vidéos / Surnaturel / Fantômes 

Niveau : 4è (bons lecteurs) – 3è 

 

Christine B. (Nogent)