samedi 15 septembre 2012

Peur express

Peur express / Jo WITEK . - Actes Sud Junior.- 2012.- (Romans Ado).- 322 p.- ISBN : 978-2-330-00169-8.- (14.7€)

Résumé :

Six adolescents qui ne se connaissent pas se retrouvent dans un train en direction de Perpignan par une froide nuit d’hiver. Il y a là Wafaa, Virgil, Zimri, Dylan, Indie et Nyoko : chacun porte en lui une histoire compliquée (trouble du comportement, problème familial ou personnel, …). Les adolescents sont entourés d’adultes qui mettent de côté leur vie privée pour assurer au mieux leur mission : Jeanne, la conductrice du train, est en plein divorce, Robert, le contrôleur, attend la retraite avec impatience et Josy, la barmaid, ne rêve que de repartir dans son île natale… Or le train va soudainement rester bloqué sur un viaduc à cause de la neige. Alors que les adultes tentent de rassurer les passagers et de faire face, les adolescents vont tous être victimes d’hallucinations et leur comportement devient dangereux, aussi bien pour eux-mêmes que pour les autres passagers !
Alors que l’une des jeunes filles, Wafaa, fuit éperdument, persuadée d’avoir aperçu son violeur dans le compartiment, Virgil, atteint de TOC, s’enferme dans les toilettes pour se laver et se relaver les mains. Dylan croit reconnaitre en lui un dangereux psychopathe et le poursuit. Indie, elle, voit à travers les vitres du train un séducteur qu’elle veut à tout prix rejoindre, Zimri pense avoir retrouvé un officier nazi responsable de la mort de son grand-père… Bref, tout est devenu irrationnel et la sécurité des passagers est menacée de toutes parts.
Finalement, tout va peu à peu rentrer dans l’ordre, le train parvient à rejoindre une aire de secours et les passagers repartent. Un éminent spécialiste des questions paranormales va mener son enquête et prendre contact avec chacun des six protagonistes afin de faire toute la lumière sur cette affaire…

Avis :
Un récit haletant et très structuré : une première partie qui pose le décor et laisse monter l’angoisse chez le lecteur, puis les événements s’enchainent à grande vitesse, le surnaturel prend le pas sur la raison, pour enfin laisser la place à l’enquête finale. Le tout est teinté d’humour et même si au final rien n’est résolu, il apparait que la quête de soi et l’apprentissage de la vie de chacun des héros sont au cœur de cette histoire.

Thèmes :
Adolescence / quête d’identité
Surnaturel / Phénomènes inexpliqués


Niveau : 4ème / 3ème Christine Bretton (Nogent)

Opération Gerfaut

Opération Gerfaut/Luc Blanvillain. Quespire – 2012. 266 p. ISBN : 9782953906721. 9,50 €

Résumé :
C’est l’été, ouais, super, c’est les vacances, sauf que Maxence, s’il est bien intéressé par les filles, ne sait pas trop quoi faire, à part bien sûr, glander devant l’ordi et la console, en consultant fébrilement son Ipod dernier cri.
Heureusement (enfin heureusement, c’est vite dit), son copain Victor, qui lui est plutôt le genre « ado des années 70 » lui propose une expédition dans le domaine de Mme Gerfaut, vieille dame que personne n’a vu depuis plusieurs années.
Évidemment, tout se passe très mal, notamment pour l’Ipad, les chiens ne dorment pas, il y a un cerbère qui les capture… et c’est le point de départ d’une aventure qui va mener nos compères dans le Vercors où ils vont rencontrer (entre autres…) Adrienne, une fille de leur âge.
Oui, mais dans le Vercors, il y a des grottes très dangereuses et puis 2 garçons et 1 fille, le mélange est explosif !

Analyse du livre :
Faire rire et sourire, faire frémir de crainte et/ou d’impatience (pour connaître ce qu’il va advenir à nos héros) tout en nous parlant de divorce, de mésentente familiale, d’amour perdu est le tour de force que réussit Luc Blanvillain, par ailleurs auteur du très réussi « Crimes et jeans slim ».
On retrouve ici le même humour ravageur, tout le monde en prend pour son grade, que ce soit les ados ou les parents, tout çà au milieu d’une foule de péripéties qui s’enchaînent à une vitesse parfois vertigineuse.
Car nous sommes bien ici dans le cadre d’un roman d’aventures et pas simplement le spectateur/lecteur de personnages « immobiles ».
Bref, un excellent roman qui fera passer un bon moment, tout en n’omettant pas de faire réfléchir, aux 13/15 ans.

Lu par Marc Vautrin ( Wassy)

Les guerriers de la nuit

Les guerriers de la nuit /Jean Pierre Andrevon.- Flammarion (Tribal) – 2011
227 p. ISBN : 978-2-0812-5031-4.- 10 €


Résumé :

Un membre de la famille White est retrouvé mort en plein désert de l’Arizona, tué par une flèche navajo.
Le problème, c’est que nous sommes en 2011 et pas au 19ème siècle. Aussi, le FBI dépêche un de ses agents, Val Santamaria pour enquêter, d’autant que le temps presse, un autre membre de la famille White, famille qui possède la plus grosse exploitation pétrolière de la région, est abattu à son tour avec le même mode opératoire.
Qui en veut donc à ce point à cette famille ? Qui forme la troupe de cavaliers dont on retrouve immanquablement les traces sur les lieux du crime ?
Autant de problèmes que devra résoudre Santamaria, auquel va bientôt s’en ajouter un autre : est-ce vraiment un hasard si c’est lui qui est chargé d’enquêter sur cette affaire ?

Analyse du livre :
Jean Pierre Andrevon est un auteur historique de la SF française, alors que le résumé laisserait plutôt penser à un roman policier. Très vite, le lecteur va subodorer qu’il y a, à tout le moins, un élément fantastique dans cette histoire.
En tout cas, c’est l’occasion pour le jeune lecteur (13/15 ans) de rencontrer la réalité de que fut le sort des Indiens (ici les Navajos) lors de ce qu’on a coutume d’appeler pudiquement la conquête de l’Ouest, puisque ce qu’il se passe aujourd’hui dans le roman découle d’évènements aussi tragiques et rigoureusement historiques que, par exemple, la Longue Marche.
Pas d’inquiétude cependant, ce roman reste d’abord une histoire qui se déroule dans le fabuleux décor mythique de l’Arizona (chouette couverture) dont le lecteur voudra absolument connaître et comprendre le dénouement.

Lu par Marc Vautrin ( Wassy)

Le garçon Talisman

Florence AUBRY. Le garçon Talisman. Rouergue, Coll. Doado Noir. 2012. 10,50€

Résumé: Heinrich ne supporte plus d'être enfermé pour sa soi-disant protection. Il en a assez d'avoir peur de Ceux qui veulent les capturer, lui et ses semblables. Il décide alors de fuir le pays et se cache dans un container sur le port en attendant d'avoir assez d'argent. Il sait que le danger peut venir de partout: des sorciers, des pêcheurs, des orpailleurs, de tout ceux qui croient que le corps d'Heinrich peut donner santé, bonheur, et chance...
Val ne supporte plus de voir sa sœur malade. Les médecins ne peuvent plus rien pour elle. Il veut la sauver et il est prêt à tout pour ça, même à accepter le pire...
Joseph lui est vieux maintenant. Sa maison tombe lentement en ruine. Sa fille vient rarement le voir et elle n'emmène jamais ses enfants voir leur grand-père...
Quel destin va réunir ses trois personnages? Pourquoi Heinrich est-il si précieux et si différent aux yeux des autres?...

Avis: chacun des personnages raconte sa vie et les enjeux qui y sont attachés. Ils sont amenés à se rencontrer de manière inéluctable: leurs destins sont liés. On s'attache à chacun des trois: il n'y a pas le héros et les méchants. Chacun lutte pour survivre.


Florence AUBRY s'est inspirée du sort des albinos au Burundi où ils sont chassés, traqués, mutilés ou même tués. Ils sont les proies d'un marché lucratif qui s'appuie sur une superstition bien ancrée: les cheveux, les membres, les organes d'un albinos possèderaient la faculté de guérir, d'apporter chance et bonheur.


Un livre qui se lit facilement et qui aborde un drame méconnu.


Seule petite critique: le terme d'albinos n'est jamais employé dans l'histoire. Seule la note finale de l'auteur explique la problématique abordée. J'aurais aimé qu'on mette clairement un nom sur la différence d'Heinrich. Les élèves auront peut-être du mal à saisir immédiatement pourquoi ce garçon est l'objet d'une chasse sans pitié.

Thèmes: tolérance / albinos / superstition / croyances / relation à l'autre

Niveau: 4e pour la facilité de lecture / 3e pour le sujet abordé

Lu par Pauline Guidemann (Chaumont)

Cavale

Cavale/Goldberg Sloan, Holly. - Gallimard Jeunesse – 2012.- 331 p. ISBN: 978-2-0706-4432-2. 15 €

Résumé :
Emily, 17 ans, que son père a en quelque sorte contraint de chanter dans une église le standard américain "I’ll be there", est quasiment prise de malaise et c’est à cette occasion qu’elle rencontre Sam, un garçon de son âge qui lui est totalement inconnu.
Et pour cause, Sam et son jeune frère Riddle viennent d’arriver en ville et sont les fils d’un quasi-psychopathe qui les fait mener une vie itinérante et totalement asociale à travers plusieurs états US.
À la suite de circonstances pour le moins fortuites, les 2 ados vont se revoir et Emily, (mais aussi sa famille, parfois au grand dam d’Emily) va chercher à percer le halo de mystère qui entoure Sam, qui ne peut décemment avouer qu’il n’a pas de portable (no way !), n’a jamais été à l’école, qu’il squatte une maison et que son père est dangereux.
D’autant que ce dernier va se rendre compte rapidement que quelque chose a changé dans la vie de ses enfants…

Analyse du livre :
Holly Goldberg Sloan est scénariste de formation et cela se voit, l’histoire est bien construite avec ce qu’il faut de suspense, les situations s’enchainent sans temps mort, sans pour autant réduire à la portion congrue l’humanité (ou la monstruosité…) de ses personnages, Emily qui cherche sa voie, Sam, qui est à la frontière de 2 monde différents, voire antagonistes et Riddle, à la limite de l’autisme.
L’auteur arrive à rendre crédible même les péripéties les plus extrêmes (l’épisode dans la montagne) sans pour autant négliger un certain humour, avec notamment le personnage de Bobby Ellis, l’amoureux transi d’Alice, mais aussi les scientifiques de la fin de l’histoire.

Un excellent roman qui questionne sur la marginalité/normalité et sur le rapport à l’autre.

A noter une couverture assez hideuse, un parking de motel barré d’un Cavale (la « traduction » du I’ll be there original) avec un lettrage orange assez vif.
 

Lu par MArc Vautrin ( Wassy)