KATT, Serena. Cher Opa. Ici-même édition, 2019. ISBN: 978236912058. (24€) Résumé: Serena Katt est fascinée par les souvenirs et la personnalité lumineuse de son grand-père à qui tout semble réussir. Seulement elle découvre son passé: son grand-père, né en Allemagne, en 1928 est le fils d’un émigré polonais. Il est enrôlé très tôt dans les jeunesses hitlériennes... Elle retrace alors la vie de son grand-père à deux voix, à partir de ses souvenirs et de ses réflexions personnelles. Avis: Un bon album sur l’embrigadement des jeunes allemands qui mêle à la fois le récit du jeune homme et le questionnement de l’auteur sur le discernement, l’attrait de faire partie de la bande. À chaque planche, il y a un texte en gras qui représente la voix du grand-père d'après les souvenirs glanés par l’auteur auprès de sa grande-tante (la sœur du grand-père donc) et un texte en italique qui correspond au regard de l’auteur, qui donne des informations complémentaires sur les évènements et les lieux. Thèmes: Deuxième guerre mondiale Allemagne Jeunesse Hitlérienne Embrigadement Adolescence Niveau : 4ème-3ème
WITEK, Jo. Premier arrêt avant l’avenir . Actes Sud Junior. 2019. 405 p. ISBN : 978-2-330-12441-0. (14,90€)
Résumé :
Pierre, nouveau bachelier, est issu d’un milieu modeste et a consacré sa vie à ses études. Il s’apprête à rejoindre le prestigieux lycée Henri IV de Paris afin d’intégrer une classe prépa de sciences. Heureux gagnant du concours général, il fait la fierté de sa mère et de son ancienne institutrice qui a repéré ses capacités et l’a aidé dans sa scolarité. Équipé de ses bagages, dont l’ordinateur portable offert par le ministère de l’Éducation nationale, il s’installe dans le train et voit arriver sur le siège à côté de lui Olympe, une grande fille coiffée de dreadlocks, pieds nus, qui voyage sans billet et lit Proudhon. Olympe n’est guère plus âgée que lui, elle en est à sa troisième année de médecine (elle a des années d’avance) et a décidé de faire une pause dans ses études pour partir en tour du monde humanitaire, en voilier, au grand désespoir de ses parents. Le contact passe plutôt bien, et Pierre est désespéré devant ce coup du sort qui lui fait rencontrer une fille extraordinaire le jour où il doit « monter à Paris », pour s’installer dans sa nouvelle vie d’étudiant !
Mais le destin va l’aider, et malgré quelques événements peu agréables (une querelle alors que Pierre pensait bien faire en payant l’amende au contrôleur à la place d’Olympe, un sac disparu après un épique changement de quai pour prendre un autre train, …) Pierre décide de passer un peu de temps avec Olympe et de mettre son avenir entre parenthèses. Ou plutôt, de prendre le temps de réfléchir à son avenir et, pour la première fois de sa vie, penser à ce qu’il veut vraiment…
Avis :
C’est un beau roman, c’est une belle histoire, comme disait l’autre : il partait en prépa, elle partait autour du monde… Et Pierre, qui n’a jamais désobéi aux règles, à l’école, aux parents, qui ne s’est jamais intéressé à autre chose qu’à ses livres et ses cahiers, est prêt à tout quitter par amour pour Olympe ! On s’interroge avec lui, on prend fait et cause pour cette jolie romance entre deux jeunes qui n’avaient aucune chance de se rencontrer, et on réfléchit avec lui à ce dilemme : mettre son avenir entre parenthèses, peut-être, mais si c’était « elle », l’avenir ?
Un roman qui devrait plaire aux jeunes qui se cherchent, et qui hésitent sur le sens à donner à leur existence. De plus, les thèmes développés par Olympe dans sa réflexion sur le monde qui l’entoure (l’environnement, la consommation, l’envie d’un monde plus juste) donnent de la profondeur à ce récit et permettent de dépasser la « simple » histoire d’amour.
Thèmes :
Orientation Triptyque famille – école – vie sentimentale Réflexion sur la société au XXIè siècle Niveau : 3ème / lycée
Carl HIAASEN. Snake boy. Thierry Magnier. 2019. 349p. ISBN : 979-10-352-0248-4 (16.90€)
Résumé : Dans la famille Dickens il y a la mère, maladivement fan des aigles au point de passer ses dimanches à les observer et à déménager près d’un autre nid dès que le « sien » est abandonné ou détruit ; la fille ado ronchonne qui aimerait passer plus de deux ans au même endroit et le fils, Billy, 12 ans, qui essaie de passer inaperçu (à quoi bon essayer de se faire des amis puisqu’il va déménager bientôt ?), est fan de serpents - d’où son surnom de Snake boy - et ne supporte pas l’injustice au point de la combattre avec des moyens… drastiques (et à base de serpents parfois venimeux).
Agacé par le silence de sa mère sur son géniteur qu’il n’a jamais vraiment connu, il décide de partir dans le Montana sur un coup de tête. Là, il découvre la nouvelle famille de son père : Little Thunder Sky et sa fille Summer Chasing Hawk. Mais tout n’est pas gagné, car Billy a bien du mal à entrer en contact avec cet homme qui le fuit et préfère passer son temps à traquer les braconniers dans les Rocheuses. Mais l’enfant est obstiné…
Avis : On retrouve dans ce roman les éléments caractéristiques de l’auteur : l’humour, la défense de l’environnement présenté comme une évidence, l’enfant débrouillard aux pieds sur terre et le géniteur bien intentionné mais trop investi dans sa mission (croisade ?) pour se rendre compte du mal qu’il fait à ses proches.
Là, l’histoire se divise en deux parties : dans la première, Billy cherche à approcher et apprivoiser ce père qui le fuit par honte de l’avoir abandonné et dans la seconde, leur tandem, aidé de Summer, part sur les traces d’un richissime braconnier déterminé à abattre les espèces protégées tant qu’elles existent encore. La bascule entre les deux parties est bien amenée et permet de relancer l’intérêt pour une intrigue qui aurait rapidement tournée en rond sans cela.
Alors certes, ce n’est pas exempt de défauts et de grosses ficelles mais le roman se laisse lire le sourire aux lèvres et c’est avec regret que l’on quitte cette famille bancale composée de doux dingues attachants.
Thèmes : Protection de l’environnement / relation parent-enfant /
Susin Nielsen. Partis sans laisser d’adresse . Hélium. 2019. 230 p. ISBN 978-2-330-12056-6 (14,90 euros)
Résumé :
Félix et Astrid sa mère vivent dans un combi Volkswagen en attendant de trouver un appartement. Une situation provisoire qui commence en été, pour Félix c’est un air de vacances. A la rentrée il intègre un nouveau collège et s’y fait des amis. Si, à l’école tout se passe pour le mieux, à l’extérieur, la situation s’éternise. Astrid ne trouve pas d’emploi et le quotidien devient de plus en plus difficile notamment avec l’arrivée du froid. Pas de sanitaires, pas toujours de quoi manger… Félix cache sa condition mais ses amis sentent que quelque chose ne tourne pas rond…
Pour remédier à la situation Félix décide de participer à son jeu télévisé favori « Qui, que quoi, quand? » car à la clé 25 000 dollars sont à gagner, une véritable aubaine pour le garçon et sa maman. Alors Félix s’entraine sans relâche pour décrocher sa participation mais 2 jours avant, ils sont arrêtés par la police qui découvre leurs conditions de vie…
Avis :
Un roman sur la précarité mais l’auteur aborde le sujet sans sombrer dans le pathos. L’humour est présent, c’est drôle et touchant à la fois. On voit a quel point il peut être facile de tomber dans cette spirale infernale de la précarité. Félix et Astrid vivaient en appartement mais suite aux soucis professionnels d’Astrid ils déménagent régulièrement dans des appartements de plus en plus petits pour finir dans ce van qui ne leur appartient même pas.
Félix est très mature et semble plus raisonnable que sa mère qui a un côté très puéril et l’entraine dans des situations qu’il ne devrait pas avoir à vivre. Malgré tout Félix tente comme il le peut de la protéger, il n’a qu’elle, il voit très peu son père.
Les différents personnages, atypiques pour la plupart, sont attachants notamment Dylan le meilleur ami de Félix persuadé qu’un poltergeist vit chez lui et Winnie dont il tombe amoureux malgré son côté insupportable de « première de la classe ».
L’entraide et l’amitié sont au cœur de ce roman.
Thèmes :
Précarité / pauvreté Relations mère et fils Amitié Niveau : à partir de 11-12 ans
DEBACKER, Agnès, BRUNET Anaïs (ill.). L’arrêt du cœur ou comment Simon découvrit l’amour dans une cuisine. Éditions MeMo, Collection "Polynie". 2018. 103 p. ISBN 978-2-35289-414-8 (11 euros)
Résumé :
Simon a une dizaine d’années, depuis toujours il connaissait Simone sa voisine. Elle était d’ailleurs bien plus que ça, elle était sa nounou, son amie, sa confidente. Mais Simone est morte soudainement et le jeune garçon a du mal à accepter sa disparition, tout ça lui paraît irréel. Alors il passe fréquemment chez Françoise la concierge de l’immeuble car c’est elle qui a découvert le corps sans vie de la vieille dame, il veut entendre son récit encore et encore.
Simon et Simone avaient une sorte de rituel, sur de petits papiers blancs, ils écrivaient chacun leur prénom et un vœu, son amie les glissaient ensuite dans une théière rouge rangée dans la cuisine. Simon ne souhaite pas que ses secrets tombent entre les mains de n’importe qui, alors un jour, grâce au double des clés rangé chez ses parents, il pénètre dans l’appartement de Simone pour y récupérer
la théière qu’il cache dans sa chambre.
Il découvre alors les vœux de son amie, sur chaque papier un prénom revient : Farid.
Mais qui est-ce ? Simone n’a jamais prononcé ce prénom et au vu des vœux il semblerait qu’une histoire d’amour se cache derrière ce prénom. Simon va chercher à découvrir la vérité et c’est en la personne de Juliette, la nièce de Simone qu’il va trouver du soutien et de l’aide. Avec émotion, ils vont découvrir une facette inconnue de Simone sur fond de guerre d’Algérie.
Avis :
Une histoire tendre d’un garçon à un âge charnière, entre l’enfance et l’adolescence. La dure réalité de la vie s’impose à lui avec ce décès brutal. La recherche du secret de Simone est captivante, on s’attache à cette personne à travers les souvenirs de Simon qui évoquent une Simone drôle et originale mais avec un secret émouvant.
Un roman profond sur les liens qui peuvent unir les enfants et les adultes et qui aborde de nombreux sujets avec en arrière plan une évocation de la guerre d’Algérie.
MATHIEU, Jennifer. Moxie. Milan. Mars 2019. 321p. ISBN: 9782745995049. (16€90)
Résumé de la 4e de couverture:
Moxie : désigne le caractère audacieux d';une personne prête à défendre ses convictions envers et contre tous.
Vivian Carter, 16 ans, en a marre.
Marre que l'équipe de foot de son lycée se croie tout permis.
Marre qu'on impose des règles vestimentaires aux filles, mais jamais aux garçons.
Marre du sexisme dans les couloirs du bahut et des profs qui ferment les yeux.
Plus que tout, Vivian en a marre qu'on lui dise qui elle doit être.
Vivian Carter dit STOP.
Et si toutes les filles se rassemblaient pour qu'enfin sonne l'heure de la révolution ? LES MOXIE GIRLS CONTRE-ATTAQUENT !
Avis :
Un roman qui parle aux adolescent-e-s de féminisme mais surtout de respect. Les filles du lycée subissent quotidiennement le harcèlement des « stars du foot », des situations tristement banales mais qui vont crescendo, du « va plutôt faire la vaisselle » lancé aux filles qui prennent la parole en cours, aux attouchements et tentative de viol.
Vivian qui fait son possible pour être dans la norme et passer inaperçue en espérant échapper à toutes ses attaques va pourtant réagir et lancer un mouvement de rébellion. La colère monte et celle que sa famille qualifie de si sage et obéissante, en comparaison avec la folle jeunesse engagée et punk de sa mère, décide de faire bouger les lignes.
Elle lance un fanzine anonyme, Moxie, qui fera prendre conscience à toutes les filles : qu’elles soient pompom girls, populaires ou non, qu’elles peuvent lutter ensemble.
L’ambiance très « série américaine » de cette petite ville où pour toutes les générations tout tourne autour du football, n’empêche pas l’identification aux héroïnes. Par contre, les adultes en prennent pour leur grade et à juste titre vu leurs comportements. Un seul personnage adulte pourrait faire un contrepoint intéressant et nuancer ce propos mais il existe sur quelques lignes seulement. Dommage !
La lecture est vraiment très plaisante, elle communique une énergie positive ce qui, vu le sujet, n’était pas forcément évident. En effet, l’ambiance n’est pas plombée par le fatalisme d’une telle situation qui peut malheureusement ne pas être que pure fiction.
Thèmes : Harcèlement, discrimination, sexisme Vie scolaire, éveil amoureux, amitié adolescence perception de soi /perception d'autrui égalité fille / garçon
Niveaux : 5ème /4ème / 3ème / lycée... mais à mettre entre toutes les mains Roseline M. (Les Silos)
La commissaire Clara Di Lazio (déjà rencontrée dans Stabat Murder, chroniqué ici) doit enquêter sur un assassinat à la mise en scène particulièrement macabre: la victime, un lycéen en classe de terminale dans un lycée plutôt renommé, est retrouvé, mort, attaché à un arbre, pendu par les pieds, en plein milieu de la cour du lycée. Visiblement, il a été torturé...
L'établissement scolaire a déjà fait parlé de lui dans l'actualité: une jeune fille s'est suicidée après avoir été victime d'un cyberharcèlement soudain, très violent et particulièrement odieux.
Y aurait-il un lien entre ces deux morts?
À cette enquête qui s'annonce difficile (900 élèves, 0 témoin, 900 suspects), la commissaire doit aussi gérer sa vie personnelle: sa nièce, qu'elle connaît à peine, a débarqué sans prévenir et compte bien faire sa crise chez sa tante...
Avis:
Ce livre se lit d'une traite. On est happé par l'enquête et les différents rebondissements qui la jalonnent. Pas de pause: on passe de l'enquête, à l'histoire de Garance, l'élève qui s'est suicidée, à la vie de famille perturbée de Clara, de manière fluide, sans perte de rythme.
Petit bémol: j'ai trouvé le tueur avant la fin, l'indice laissé m'étant familier. Mais je n'en dis pas plus... :) Ceci dit, ça ne m'a absolument pas gâché le dénouement de l'histoire puisqu'il me restait à découvrir les motivations du/de la/des coupable(s) .... (n'insistez pas, je ne laisserai pas de pistes)
CONSTANT, Gwladys. Lettre aux bourreaux de ma sœur. Oskar Éditeur. Coll: Les romans de la colère. 64 p. ISBN: 979-1-0214-0618-6. 7,00€
Résumé: Iris est morte. Harcelée au collège, sur les réseaux sociaux, elle a décidé d'en finir. De la manière la plus radicale, irréversible, définitive. Reste sa famille. Chacun tentant de faire son deuil, en trouvant une échappatoire illusoire: la foi, le travail, la haine. Rose, sa grande sœur, a décidé de se venger de ses bourreaux. De se nourrir de sa colère et de leur peur. De leur faire vivre le même enfer qu'a vécu sa sœur. Son arme: la même qu'eux. Les mots. Durs. Froids. Tranchants. Terribles. Avis: Un texte court et percutant qui aborde le harcèlement sous un angle original: non pas le point de vue de la victime ou de ses bourreaux, mais celui d'un membre de la famille qui doit apprendre à vivre avec cette absence. À côté des lettres que Rose va envoyer aux bourreaux de sa sœur, le lecteur suit également son travail de plusieurs années avec son psychanalyste. Est-ce que la vengeance de Rose aura porté ses fruits? Oui et non. Certains bourreaux ont changé. D'autres non. Rose évolue aussi au fil de l'histoire: sa colère et son désir de vengeance vont déboucher sur quelque chose de plus constructif. Certains avis de lecture regrettent l'aspect "vengeance" qui ne peut avoir que des répercutions négatives pour tous les protagonistes de l'histoire. C'est une évidence. Mais cette aspect de la démarche de Rose n'est pas absurde. Oui, on peut réagir par la colère et le désir de vengeance. Oui ce qu'elle a mis en œuvre est terrible. Mais, Non, ce n'est pas le message principal de l'histoire. Son dernier message montre tout le travail sur soi, ses progrès après 8 années de psychanalyse. Un travail long et pénible mais nécessaire. Du moins, selon mon avis.
Thèmes: Harcèlement Suicide Deuil Adolescence
Niveaux: 5e, 4e, 3e et au-delà Pauline G. (Chaumont)
Trois amis, si différents l'un de l'autre, mais liés par une même passion. Il y a Richard, introverti, qui a perdu sa mère. Matéo, le beau gosse. Et José, au look improbable, persuadé que des entités supérieures sont à l'origine de certains phénomènes dans le monde. Leur passion: la légendaire BD "Héros" dont ils attendent avec impatience les nouvelles parution. Leur plus grand rêve: créer leur propre série inspirée de cet univers étrange, occulte, fascinant.
Un soir, alors qu'ils se sont retrouvés dans leur QG pour avancer dans leur projet, un homme surgit de nulle part, blessé et visiblement poursuivi. L'homme se jette sur Richard, lui tend une fiole au liquide étrange et s'effondre. Pas le temps de comprendre de quoi il s'agit, les garçons sont immédiatement pris en chasse par ceux qui poursuivaient l'inconnu. Fuyant de son côté, Richard se retrouve en contact avec le liquide après avoir été projeté au sol.
Il se réveille à l'hôpital. Ses amis n'ont aucun souvenir de ce qu'il s'est passé.
À partir de là, rien n'est plus comme avant. Une mystérieuse force, terrible, dévastatrice, irradie Richard qui doit lutter pour la contrôler. Matéo fait d'horribles cauchemars. José fait la connaissance de Shaïna qui croit à ses divagations mais surtout semble en savoir bien plus que lui. Elle lui parle d'une secte, une secte puissante qui serait prête à tout.
Mais d'autres forces sont à l’œuvre, celles qui cherchent le pouvoir, celles qui cherchent la connaissance, celles qui cherchent à témoigner... et les trois amis vont devoir affronter une réalité qu'ils n'avaient jamais envisagée.
Y aurait-il un lien avec "Héros"?
Avis:
D'abord dubitative sur cette histoire de BD et ces 3 ados si peu assortis, je me suis retrouvée happée par l'histoire. On retrouve du Stranger Things sans le côté années 80, du Lovecraft (d'ailleurs MINVILLE y fait référence)...
Les personnages sont attachants: pas des super-héros en cape et masqués, mais des adolescents normaux, avec leurs problèmes d'ado (parents, lycée, sentiments...), qui se retrouvent projetés contre leur gré dans une histoire juste incroyable. Les dialogues sont justes, les personnages ont de la profondeur et le rythme de l'histoire ne nous laisse pas de répit: de l'action certes, mais aussi des moments de doute, de réflexion, plus lents mais nécessaires, sans être ennuyeux, des découvertes…
Bref un livre EXCELLENT qu'il ne faut pas manquer: la première partie pose le décor, les personnages... et peut sembler longuette mais dès la fin du livre I, on change de rythme et là...
J'ai hâte de lire le 2e tome!
D'ici là...
ROCK and READ comme dit la devise de Benoît Minville!
Thèmes:
fantastique
occulte
adolescence
amitié
magie
Niveaux: 4e, 3e et +
Vidéo de l'interview de B. MINVILLE à La Grande Librairie le 20 décembre 2018, sur France 5:
En début de livre, Benoit MINVILLE nous propose une playlist, dont ce titre proposé sur le site des Editions Sarbacane: Blut Aus Nord - Epitome XIV:
TÉNOR, Arthur. Smartphone panique. Scrinéo. 2019. 170 p. ISBN 978-2-3674-0652-7 (10,90 euros)
Résumé : Cléa est collégienne en classe de 3e . Elle aime sortir, retrouver ses amis… mais c’est sans compter sur sa mère qui a installé une application de géolocalisation sur son téléphone afin de la suivre partout. Cléa est excédée et rêve de plus de liberté. C’est alors que Ravi l’un de ses amis lui parle d’une application accessible sur le Dark web qui pourrait lui faciliter la vie en indiquant de fausses localisations. Cléa accepte sans se douter que cette nouvelle application va peu à peu prendre le contrôle de sa vie et mettre en danger ses proches. Au départ, elle profite des mauvais usages de l’application, surveille ses amis et plus particulièrement Adrien par qui elle est attirée. Puis elle se rend compte d’avoir fait le mauvais choix mais comment faire marche arrière quand la réalité dépasse la fiction? Où trouver de l’aide alors qu’elle a menti à ses parents? Elle se retrouve victime d’un odieux chantage et dépassée par les évènements.
Avis : Un roman facile à lire et très efficace. L’histoire est captivante. Arthur Ténor, dès le départ, avertit le lecteur, qui a 2 choix : soit il décide de lire ce livre comme une fiction et en appréciera le suspense soit il croit à la réalité des faits et cette lecture deviendra effrayante. Même si certains éléments semblent improbables, le récit suscite de nombreux questionnements par rapport à nos pratiques quotidiennes, notre utilisation du smartphone, du web… Autre intérêt non négligeable, ce livre va permettre d’ouvrir le dialogue avec les plus jeunes sur des sujets auxquels ils sont sensibles : l’intelligence artificielle, les réseaux, sociaux , le net, l’hyper-connexion… Mention spéciale également pour l’illustration de la couverture qui parle d’elle-même
Thèmes : Intelligence artificielle Réseaux sociaux Respect de la vie privée Données personnelles Web Smartphone
ARNAUD Philippe. La proie. Sarbacane, Exprim'. 2019. 291 p. ISBN 978-2-37731-180-4 (16 euros)
Résumé :
Anthéa vit dans un petit village du Cameroun. Sa vie est rythmée par l’école où elle rencontre de grosses difficultés, les jours de marché où elle aide sa mère à la vente, les jeux avec sa cousine… Anthéa est discrète, assez effacée. Sa cousine, elle, est exubérante, sûre d’elle.
La vie au village est agréable. Anthéa, qui vit très mal sa scolarité, se révèle le soir sur la place du village lorsqu’elle conte des histoires aux enfants. Elle sculpte également la terre et donne forme à des personnages qui lui permettent d’animer ses récits.
Une belle dame blanche vient régulièrement au marché et propose un jour d’emmener Anthéa en France pour lui donner une chance de pouvoir aider sa famille et plus tard, l’opportunité de réussir.
La jeune fille quitte à contre-cœur sa terre natale et se retrouve dans cette famille qui, en France, contrairement au Cameroun, est loin d’être riche… Les véritables personnalités de cette famille se dévoilent : un père pervers au chômage, une mère dépressive et alcoolique, deux enfants qui subissent cette vie de famille malsaine. Anthéa devient peu à peu la domestique, l'esclave de la famille et vit une véritable descente aux enfers.
Avis :
Dans ce roman, nous sombrons peu à peu avec Anthéa, l’héroïne de l’histoire. Nous sommes conscients que les choses vont mal tourner mais pas à ce point. Lorsqu’elle est en France, Anthéa se retrouve peu à peu complètement isolée, aucune échappatoire possible, aucune aide à attendre de personne. Malgré cela, la jeune fille fait preuve de courage et de résilience que l'espoir ne quittera pas.
L’auteur, par son style, parvient à faire croître l’angoisse: nous nous sentons oppressés par l’isolement d’Anthéa et impuissants face à ce couple pervers et machiavélique.
Un récit qui permet d’aborder l’esclavage moderne et sa violence.
CRÉCY, Nicolas (de). Les amours d’un fantôme en temps de guerre. Albin Michel jeunesse. 2018. 216p. 9782226437365. (23.90€)
Résumé :
Le héros est un petit fantôme (sous la forme d’un petit bout de tissus blanc) dont on va suivre la quête, accompagné du chien Boulette, pour retrouver ses parents disparus et la jeune fantôme dont il est tombé follement amoureux mais qui a été emprisonnée.
Petite précision, le monde spectral connaît les mêmes événements que celui des humains mais avec quelques années d'avance et les fantômes font face à la guerre : les Fantômes Acides éliminent ceux qui ne partagent pas leur idéologie mortifère. Devant l’ampleur de la menace, le jeune ectoplasme rejoint un réseau clandestin.
Nous avons donc la préfiguration de ce que sera la Seconde guerre mondiale : embrigadement de la jeunesse, résistance, zone occupée, camp d'extermination...
Avis :
Ce roman graphique est d’abord visuellement splendide. Les aquarelles de l’auteur sont à l’image du texte : délicates et faussement naïves.
Le texte ensuite peut se lire à plusieurs niveaux. Sous des dehors de conte fantastique, au départ raconté à hauteur d’enfant, le texte aborde de façon détournée la Seconde guerre mondiale, le besoin de résister et l’horreur des camps. On peut y lire aussi une critique de notre temps : dans ces camps pour fantômes, les prisonniers participent à des jeux qui finissent par remplacer le réel, jusqu’à détruire l’individu. Ainsi qu’un petit côté prophétique avec, in fine, le retour des fantômes acides qui ont déclenché la guerre.
Néanmoins, la complexité des considérations sur l’art, la mort et la survie qui y sont développées risquent de décourager les plus jeunes.
Timothée de Fombelle. Isabelle Arsenault, ill. Capitaine Rosalie . Gallimard jeunesse. 2018. 61 p. ISBN 978-2-07-510769-3 (12,90 euros)
Résumé :
L’histoire se déroule pendant l’hiver 1917. Rosalie n’a que 5 ans et demi mais par la force des choses, est déjà scolarisée. Son père est au front et sa mère travaille toute la journée à l’usine. L’instituteur a accepté Rosalie dans sa classe. Elle reste au fond à dessiner mais pas seulement car Rosalie a une mission qu’elle compte bien mener à terme.
Le seul lien avec son père reste la correspondance que sa mère lui lit à chaque lettre reçue.
Mais un matin c’est une enveloppe bleue qui arrive et celle-ci sa mère ne lui lit pas et s’empresse de la cacher mais Rosalie n’est pas dupe.
Sa persévérance et sa grande force de caractère malgré son jeune âge vont l’aider à découvrir la vérité.
Avis :
Une histoire courte mais captivante d’une petite fille déjà très mature qui a bien compris les risques et la dure réalité de cette guerre. Une évocation poignante et réaliste de la guerre, le texte est sublimé par les délicates illustrations d'Isabelle Arsenault. Rosalie a un tempérament de combattante, sa persévérance va lui permettre de découvrir la vérité sur le quotidien de cette guerre, la vie des soldats sur le front…
On regrette presque que l’histoire soit si courte mais elle a le mérite d’être très efficace<
À lire ou à faire lire à tous les enfants dès 8 ans.
FARGETTON, Manon. Nos vies en l’air. Rageot. 2019. 192 p. ISBN 9782700259391 (15,90 euros)
Résumé :
Une rencontre peu banale sur un toit parisien entre 2 adolescents qui ont décidé d’en finir avec la vie…
Toutefois, ils s’accordent la nuit pour discuter et repousser leurs limites. Si au petit matin, l’envie de mourir est toujours omniprésente ils sauteront ensemble.
C’est ainsi que Mina et Océan (un prénom original pour un adolescent qui l’est tout autant) passent la nuit ensemble dans Paris, en se lançant des défis parfois dangereux ou sordides, à tour de rôle avec une condition essentielle : se dire la vérité.
Leurs problèmes sont bien différents, Mina est victime de harcèlement dans son lycée, Océan lui, a perdu sa mère et vit seul avec son père qui est accaparé par sa carrière politique. Leur point commun : la solitude et le fait de se sentir incompris par leur entourage.
Cette nuit va-t-elle changer leur vie, les mettre face à leurs responsabilités ?
Avis :
Un roman fort sur le mal être de deux adolescents aux personnalités et vies complètement différentes.
L’écriture quasi poétique de Manon Fargetton permet d’adoucir les thématiques abordées : la souffrance adolescente, le suicide, le harcèlement, la solitude…
Cette virée de Mina et Océan nous plonge dans la vie nocturne parisienne. Tout au long de cette nuit
on découvre peu à peu la personnalité de ces adolescents à la marge qui aiment transgresser les règles et s’écarter des sentiers battus. On s’attache à eux, à leur sensibilité et à leur singularité.
Des numéros de téléphone et sites internet sont proposés à la fin du livre comme SOS-Amitié ou Suicide-Écoute
OH, Ellen. Esprits maléfiques. 1 / : La maison des possédés. NATHAN, 2018. ISBN: 978-2-09-258145-2. 15,95€
Résumé:
Harper, 12 ans, et sa famille ont quitté New York pour emménager à Washington dans une vieille maison, laissée à l'abandon pendant plusieurs décennies. Officiellement, pour des raisons professionnelles. Officieusement, pour éloigner Harper d'un évènement douloureux dont elle n'a aucun souvenir, juste des cicatrices.
Dès le début, Harper ne se sent pas bien dans cette maison. Quelque chose l'oppresse. Dayo, une voisine avec qui elle sympathise, lui explique que la rumeur dit que cette maison est hantée: des morts inexpliquées, un savant fou, une médium, des expériences étranges... Bien sûr, Harper ne prête pas foi à ces histoires jusqu'à ce que son petit frère, Michael, se mette à changer. Elle ne le reconnaît plus: lui si joyeux devient sombre et a des accès de violence de plus en plus terrible. Ce n'est plus lui.
Elle décide de mener l'enquête avec l'aide de Dayo pour sauver son frère. Mais leurs investigations vont réveiller des souvenirs chez Harper qui va peu à peu comprendre ce qu'il lui est arrivé à NYC.
Avis:
Dès les premières pages, on se plonge dans l'histoire. Pas le temps de s'ennuyer. On veut comprendre ce qu'il se passe dans cette maison mais aussi ce qui est arrivé à Harper.
Je pense qu'on a là un excellent roman fantastique et effrayant qui est accessible aux plus jeunes, tout en ayant un certain degré de complexité ( des chapitres alternant l'histoire principale et le journal intime que doit tenir Harper). Les personnages sont attachants, ont une vraie présence. Il ne s'agit pas d'une histoire juste-pour-faire-peur tissée de fils blancs, comme on peut en trouver en quantité. Ce livre peut être une porte d'entrée pour les jeunes ados vers le genre, sans être trop effrayant / sanglant / comme peuvent être ceux destinés aux plus grands.
Un excellent moment de lecture.
Il s'agit d'un tome 1 mais l'histoire est complète. Le prochain tome sera vraisemblablement une nouvelle enquête fantastique et surnaturelle d'Harper.
CROSSAN, Sarah. Inséparables. Rageot. 2017. 405 p. ISBN : 978-2-7002-5326-9. (14,90€)
Résumé :
Grace et Tippi sont des sœurs siamoises âgées de 16 ans. Elles entrent au lycée pour la première fois, leurs parents n’ayant plus les moyens de leur payer un précepteur pour leurs cours à domicile. Elles sont à la fois angoissées par la situation (le quotidien parfois compliqué, le regard des autres...) mais aussi enthousiastes car elles vont enfin rencontrer d’autres personnes, en dehors de leurs parents, de leur sœur, de leur grand-mère et de leur médecin !
Elles se sont donné comme objectif de ne surtout pas tomber amoureuses : évitons les complications à tout prix.
Le jour de la rentrée, elles sont observées comme des bêtes curieuses, mais elles sont également très vite associées au groupe de Jon et Yasmeen, deux élèves qui se sentent un peu décalés par rapport aux autres. De fil en aiguille, Grace finit par tomber amoureuse de Jon, Jon qui depuis leur rencontre a pris soin de regarder les sœurs comme deux personnes différentes et non pas une seule. Et il semble bien que Jon partage les sentiments de Grace, d’ailleurs.
Leur vie se complique donc un petit peu, mais ce n’est rien à côté de ce qui les attend. À la suite d’un petit malaise de Grace, le diagnostic est formel : les deux sœurs sont en danger, il va falloir les séparer. Ce qui était inenvisageable pendant longtemps (l’opération chirurgicale est très dangereuse) devient indispensable. Si elles ne considèrent pas elles-mêmes leur situation comme problématique (elles se sont habituées à vivre ainsi et à tout partager), et s’agacent parfois mutuellement, elles redoutent cette opération et souhaiteraient, plus que tout, que rien ne change...
Avis :
On peut toujours se méfier des quatrièmes de couverture qui nous annoncent un livre bouleversant à grands renforts de formules-choc, mais dans le cas présent, le contenu correspond à l’emballage ! C’est un très beau récit que nous livre ici Sarah Crossan. L’histoire est racontée du point de vue de Grace, et on s’attache très vite à ces deux sœurs et à leur vie peu commune. Le quotidien des sœurs est conté avec beaucoup de finesse, et le texte montre bien que leur singularité est aussi leur force.
Le roman est écrit en vers libres (donc un chapitre fait environ trois pages), ce qui peut éventuellement faciliter l’accès de ce livre aux élèves récalcitrants aux romans épais, mais cela n’apporte pas grand-chose, à mon avis, à cette histoire.
