mercredi 3 novembre 2021

Je serai vivante

RUGANI, Nastasia. Je serai vivante. Gallimard (Scripto), 2021. 128 p. ISBN: 9782075157445. 9,00€

Résumé:

La narratrice, on ne sait pas qui elle est, ni d'où elle vient, est au commissariat. Elle est là pour déposer plainte, raconter une histoire terrible: celle où le garçon qu'elle aimait l'a violée, il y a trois mois, sous un cerisier. Mais l'officier en face d'elle n'entend pas sa souffrance, ne comprend pas ce qu'elle essaye de dire, minimise les faits, ne la croit tout simplement pas.

La 4e de couverture parle d'elle-même:

«Depuis que je suis entrée dans votre bureau étriqué, Monsieur l'officier, vous attendez une jupe en lambeaux, du sang sous les ongles et des témoins. Je crois que vous auriez préféré une foule rugissante devant mon corps dévoré par des chiens haineux; leurs babines rosies de moi; mes os à vos pieds. Des preuves à récolter. Un viol à voir. Moi, j'aurais préféré ne jamais me rendre sous le cerisier, il y a trois mois, en avril dernier.»


Avis:

Ce livre est un coup de cœur que je n'ai pas aimé avoir... 

Le lecteur, la lectrice, est le/la témoin impuissant de ce viol. 

Il / elle est  le / la  témoin de la nouvelle violence infligée à la narratrice, celle de l'incompréhension, de l'incrédulité, de la culpabilisation par l'officier de police.

Il / elle est le / la témoin de la dévastation d'une famille.

Il / elle est le / la témoin de l'impunité, du laxisme, de l'injustice.

Les mots sont des lames acérées qui transmettent l'état psychologique et physique de la narratrice et qui s'enfoncent dans notre esprit. Elle est plus que dévastée: elle est morte, son corps est mort et se décompose depuis ce jour-là, son esprit est vide. 

Tout est mis en lumière: le patriarcat et ses dérives (l'homme fort et viril), le manque d'écoute envers les victimes, le manque de réponses pour elles, les violences faites aux femmes et aux jeunes filles, la culpabilisation des victimes, le manque de formation aussi des fonctionnaires de police (cet officier semble faire face à quelque chose qui dépasse son entendement), la question du consentement, les relations entre ados..

Un texte juste, vrai, tranchant, sans fioriture. Qui dénonce. Qui révèle. Qui questionne. Qui dérange. 

Pas de Happy End mais tout de même une lueur vers une reconstruction: la présence, la fidélité et le soutien indéfectible de la meilleure amie et du frère.

A lire. Absolument. Par tous et toutes.


Thèmes:

culture du  viol, Viol, relation entre ado, violence faites aux femmes, justice, Relation filles /  garçon, Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle.


Niveaux: 3e-Lycée.

Pauline G. (Chaumont


mardi 2 novembre 2021

La princesse guerrière

UTKIN, Alexander. La princesse guerrière: Un conte inspiré du folklore russe. Gallimard BD, 2021. 168 p. ISBN: 9782075159487. 21, 00€

Résumé: 

Gamaioun, l'oiseau mythologique à tête de femme, a une histoire à nous conter, une histoire tissée par les destins de Vassilissa et de John. Chacun d'eux souhaite sauver son père respectif qui se meurt. Chacun a une quête à accomplir et des épreuves à surmonter. Vassilissa et John, chacun de leur côté, doivent faire preuve de courage, de bravoure mais aussi d'honnêteté, de réflexion et de bienveillance. Le moindre échec et leur mort est assurée.

Avis:

Une plongée extraordinaire dans le folklore slave. Au programme: aventure, fantastique, magie, trahison, héroïsme, luttes fratricides, amour... et une morale pour conclure. 
Les histoires sont indépendantes mais connectées grâce à la voix de Gamaioun qui assure les transitions nécessaires entre chacune d'elles et accompagne le lecteur dans son voyage.  
Tout s'imbrique parfaitement bien.
En plus de l'histoire, il faut relever aussi la qualité de l'objet, tant au niveau du graphisme (ces couleurs! magnifiques) que du papier employé (épais, avec une belle texture, pas tout lisse). C'est somptueux!

Bref, un agréable moment de lecture!

(C'est le deuxième volume proposé par A. UTKIN. )

Thèmes:

Conte, Russie, aventure, fantastique, 

Niveaux: dès la 6e, pour tous.


Pauline G. (Chaumont)