Survival Game

SINGER, Nicky. Survival Game. Pocket Jeunesse. 2019. 376 p. 978-2-26628411-0. 18,90€

Résumé:

Une crise environnementale et climatique sans précédent a profondément transformé la Terre. Les pays autour de l’Équateur sont ravagés par des tempêtes violentes, destructrices, meurtrières. Tout le monde essaye de gagner les pays du Nord. Les frontières se ferment. La solidarité disparaît. C'est le règne du "chacun pour soi".

Dans ce contexte, nous suivons le périple de Mhairi, jeune écossaise de 14 ans. Partie de Khartoum où travaillaient ses parents, elle cherche à rentrer chez elle, essayant d'éviter les pièges qui surgissent. Son voyage l'a endurci. Elle a mis en place des stratégies de survie: ne faire confiance à personne, enfermer les évènements douloureux dans un château mental, continuer coûte que coûte. Et là, surgit sur sa route, un petit garçon, muet, qui va s'accrocher à elle, comme un coquillage à son rocher. D'abord irritée, Mhairi va tout faire pour le sauver de ce chaos.

Avis:

Que dire...

Beaucoup de livres jeunesse me plaisent, m'enthousiasment mais peu me laissent une impression aussi forte, me marquent par leurs messages. Il y a eu entre autres: 13 raisons de Jay ASHER, bien avant que sorte la série ou Désordre de Marion BRUNET.

Il y a un peu de La Route de C. MACCARTHY ici: une terre ravagée, les hommes rendus fous par la perte des repères, ... Les meilleurs deviennent les pires. Les privilégiés s'accrochent à leur confort, à leurs frontières, leurs lois pour avoir l'illusion de contrôler la situation. Les déracinés sont prêts à tout dans leur désespoir.

Cette jeune Mhairi réfléchit à ce qu'elle voit, analyse ce qu'elle vit. Les phrases sont courtes, fortes, percutantes, belles, dures parfois.

Au début, j'ai été un désappointée par cette histoire de Château. Je ne comprenais pas. Et puis, au fil des pages, j'ai saisi. Et peu à peu, j'ai plongé dans cette histoire, pour finalement en sortir un peu sonnée.

Cette histoire a un écho particulier avec la société actuelle (la montée des extrémismes, du racisme, de l'individualisme, les changements climatiques, l'absence d'empathie, de solidarité, ...). Il faut donc (je pense) avoir un bagage culturel, intellectuel pour saisir tous les enjeux de ce récit. Mais le but est clair: interroger le lecteur, ses actions, ses convictions, celles de son entourage, et le pousser à agir.

Deux citations (parmi bien d'autres):
"J'ai découvert qu'il existe deux sortes de mots. Ceux qui vous glissent entre les doigts et ceux auxquels on n'échappe pas. Ces derniers sont souvent en rapport avec la souffrance. Par exemple:
Faim.
Soif.
Froid.
Il n'y a pas à tortiller avec ses choses-là. Elles sont bien réelles. [...]
Et puis, il y a les mots qui désignent des choses prétendument tout aussi tangibles, tout aussi réelles. Comme: 
Vérité.
Justice.
Confiance.
Or ces mots sont glissants. Ils peuvent prendre une signification différente selon la personne qui les utilise, qui décide s'ils s'appliquent ou non, et ce qu'elle a à y gagner - ou à y perdre. C'est pour ça qu'à mon avis ces mots sont inventés de toutes pièces [...]. Ce ne sont que des fictions.[...]"

"J'ai les idées qui s'embrouillent.[...] Je regarde autour de moi à la recherche de points de repères. J'ai besoin de trouver mes marques. De m'appuyer sur du solide:
Le ciel.
La mer.
La terre.
Les rochers.
Le sol.
[...] De vraies choses auxquelles on peut se fier, qu'on peut toucher.
Mais qu'en est-il du reste, des fictions? Des choses qu'on s'invente et auxquelles on donne des noms, comme si elles étaient tout aussi réelles? Par exemple: 
Les lois.
Les nations.
Les pays.
Et les frontières.
Toujours elles.
[...]
Ce sont des choses qu'on ne peut pas connaître, qu'on ne peut pas toucher. [...] Des choses fictives, erratiques, qui n'arrêtent pas de bouger, de se déplacer, qui ne tiennent pas en place."

Thèmes: solidarité, racisme, perception de soi, perception des autres, survie, écologie, migration, réfugié,  road movie

Niveaux: 3e, Lycée et adultes

Pauline G. (Chaumont)