Passionnément, à ma folie

CONSTANT, Gwladys. Passionnément... à ma folie. Le Rouergue, Coll. DoAdo. 2017. 148 p. ISBN 978-2-812-61490-3 (13,20€)

Résumé 4ème de couverture :
Gwénaelle vit une première histoire d’amour avec un garçon qu’on dit exceptionnel, William, l’un des plus populaires du lycée. Mais très vite, elle devient la marionnette de ce garçon, qui l’éloigne de tous ses proches, parents compris... avant de rompre d’un coup de fil. Hospitalisée après une tentative de suicide, Gwénaelle reconstruit cette histoire pour tenter de comprendre la manipulation dont elle a été victime. Premier livre de cet auteur publié au Rouergue, d’une écriture et d’une finesse remarquable sur l’amour à l’adolescence.

Avis :
Ce coup de cœur est essentiellement dû à la belle plume de l’auteur, une histoire qui nous emporte et
nous captive au fil des mots. 

L’histoire est celle de Gwénaelle qui se retrouve dans un hôpital après avoir fait une tentative de suicide à cause d’une histoire d’amour qui aurait mal tournée... par sa faute... Sous forme de journal intime, elle est à la fois narratrice, héroïne, spectatrice et critique, écrire et raconter est sa thérapie.
Le récit, lui, se compose de phrases courtes, parfois poétiques, il est ponctué de citations de livres,
d’humour, de sensations, de sentiments et de termes plus durs voire plus violents ; cela nous plonge dans l’ambiance du roman. C’est ce style d’écriture qui nous donne envie de continuer à lire, de comprendre le passage à l’acte de Gwen, son histoire d’amour atypique avec William... 

Une love story qui commence plutôt bien, avec son lot de romantisme et de niaiseries, puis qui se transforme, au fil des pages, en un triste récit de la relation entre un pervers narcissique et sa victime. On découvre peu à peu le décalage entre Gwen, la jeune fille folle de son premier amour, admirative, qui met "son homme" (comme elle aime l’appeler) sur un piédestal, et William, de plus en plus agressif, méprisant, qui se font parfaitement dans le rôle de manipulateur qu’il dit ne jamais vouloir devenir... En effet, il cherche peu à peu à modeler Gwen à son image, à l’éloigner des gens qu’elle aime, et elle du coup, ne se trouve pas à sa hauteur et remet tout en question ses goûts, ses fréquentations, ses envies... Ils sortent de moins en moins, ou seulement quand c’est William qui organise, et restent  cloîtrés dans la grande cave aménagée qui leur servent de chambre/appart. Spectateur de cette "décadence", on espère au fil de lignes que Gwen va se rendre compte que quelque chose cloche, que l’erreur ne vient pas d’elle. On se surprend même parfois à croire qu’elle a des moments de lucidité dans l’analyse de son passé, notamment quand on revient à l’instant présent quand elle se confie au psy ou qu’elle compare son histoire d’amour malsaine à celle de son amie Claire qui est épanouie... Mais on déchante vite quand on lit ses messages désespérés à William... Ce n'est que vers la fin du livre qu’elle réalise enfin le mauvais côté de William. Elle découvre sur Facebook qu’il est avec une autre fille: sa "guérison" peut alors commencer. S’en suivent quelques phrases moralisatrices très intéressantes comme « ce que quelqu’un fait aux autres, il finit par nous le faire aussi », « si vous êtes mal quelque part écoutez-vous »...

C’est un roman court, coupé en plusieurs petits chapitres dont certains se détachent par leur originalité.Un roman qui a parfaitement sa place dans les rayons d’une bibliothèque jeunesse, parce qu’au-delà du style d’écriture simple et mélodieux parfois, ce livre traite du complexe sujet du suicide, des relations au lycée (amourettes, sexualité, rivalités, réseaux sociaux...) et de la quête d’identité dans notre société actuelle ; des sujets potentiellement parlants pour nos élèves pour qui la vie d’ados n’est pas toujours facile.

Thèmes : Adolescence, amour, manipulation, suicide

Niveau : À partir de la 3ème, Lycée

Julie P. (Chaumont)